FUNK-O-LOGY

Donald Byrd - Black Byrd (Blue Note BN-LA047-F, 1973)



Titres

A1 Flight Time 8:30
A2 Black Byrd 8:00
A3 Love's So Far Away 6:00

B1 Mr. Thomas 5:15
B2 Sky High 5:59
B3 Slop Jar Blues 6:00
B4 Where Are We Going? 4:40

Crédits

Donald Byrd : trompette, cor d'harmonie (flugelhorn), trompette électrique, chant
Allen Curtis Barnes : flûte, hautbois, saxophone
Roger Glenn : saxophone, flûte
Fonce Mizell : trompette, chant
Larry Mizell : chant
Kevin Toney : piano
Freddie Perren : piano, synthétiseur, chant
Dean Parks (A1, B1) : guitare
David T. Walker (A2, A3, B2 à B4) : guitare
Joe Sample : piano, piano électrique
Wilton Felder (A1, B1) : basse
Chuck Rainey (A2, A3, B2 à B4) : basse
Harvey Mason : batterie
Keith Killgo : batterie
Bobbye Hall Porter (A1, B1) : percussions
Stephanie Spruill (A2, A3, B2 à B4) : percussions

Enregistrement : 3 Avril (B1), 4 Avril (A1) et le 24 Novembre 1972, Sound Factory, Hollywood, Californie

Production et Arrangements : Larry Mizell pour Sky High Productions, Inc.

Après le splendide et funky Ethiopian Knights, Donald Byrd creuse le sillon jazz-funk en enregistrant l'album Black Byrd, qui sera son plus grand succès, et également le plus grand succès du label Blue Note.

L'arrivée des frères Mizell et en particulier de Larry Mizell à la prod et aux arrangements va renforcer la dimension funk de la musique de Donald Byrd, mais aussi la rendre plus commerciale (ce qui lui sera beaucoup reproché par la suite).

A la différence de Ethiopian Knights, les titres de Black Byrd sont plus nombreux et plus courts.

Flight Time ouvre l'album, et d'emblée, la volonté de Larry Mizell (qui signe de surcroît tous les titres) de rendre plus commerciale la musique de Donald Byrd tient de l'évidence: fini le jazz électrique hérité de Miles Davis, fini le jazz-funk sombre d'Ethiopian Knights, place à un jazz-funk brillant mais plus consensuel, comme le montre l'arrangement des premières minutes de Flight Time. Il faut ainsi attendre près de 4 minutes pour que le titre bascule dans un groove méchant :



Le niveau monte d'un cran avec le morceau titre, avec son intro remarquable et sa guitare Shaftienne. Un des grands moments de l'album, croisement entre Papa Was A Rolling Stone et Shaft:



Love's So Far Away est une autre réussite, avec de belles parties de trompette de Byrd. Ce titre est d'ailleurs paru dans la collection Pulp Fusion, sur le volume Fully Loaded:





L'album se poursuit avec l'excellent Mr. Thomas:



Sky High est plus léger, plus commercial aussi:



Retour au groove avec Slop Jar Blues, un très bon titre:



L'album s'achève avec Where Are We Going?:



Excellent album, le plus connu de Donald Byrd, et considéré par beaucoup comme une pierre angulaire du Jazz-Funk. Pour ma part, et si j'aime cet album, je préfère le précédent, moins poli. Ici, tout est joué parfaitement par des musiciens au top (dont Harvey Mason, qui rejoindra peu après les Head Hunters d'Herbie Hancock), mais c'est très contrôlé, moins aventureux.

Quoi qu'il en soit, il faut saluer le rôle des Mizell brothers et de Larry Mizell en particulier, dont le rôle peut être en un sens comparé à celui joué par Norman Whitfield.

Pour moi, les Mizell Brothers sont les Dieux du Groove et "Places And Spaces" de Donald Byrd en est le parangon
Tout simplement

Très bon aussi, en revanche c'est celui qui me manque, c'est bien ça fait un disque pas cher à rentrer
L'aspect commercial ne me dérange pas du tout, après tout, s'ils avaient fait des disques pour ne pas les vendre, on n'en parlerait probablement pas en ce moment.

Black Byrd est plus commercial que les précédents, mais il est très bon, et quand c'est commercial avec cette qualité, ça me va!

En revanche, la suite sera de plus en plus commerciale, et artistiquement ça va se sentir: Stepping into Tomorrow ou Places & Spaces sont loin d'être à ce niveau, et sont à mon avis tout à fait dispensables... Caricatures est un peu meilleur, quoiqu'encore plus synthétique.

J'ai le trente centimètres et précisons que sur la pochette du LP y' a aucun musicien de cité (moi ça me gâche un peu le plaisir).
En plus j'entendais toujours parler des frères Mizell et seul Larry était cité comme producteur. J'ignorais que le fréro était à la trompette. Y'a aussi Joe Sample au piano. J'ai acheté hier soir son album sealed: "Voices In The Rain" . En fait je venais d'acheter une copie sealed de "Macho" de Gabor Szabo et y'avait pas grand chose pour amortir les frais de poste à part ce titre. Je m'en souviens plus trop mais il a inondé les bacs des disquaires dans les années 80.

Il y a des fois ou je me dis : "Mais pourquoi j'ai jamais daigné écouter cet artiste ?!"
C'est que je me suis dit en parcourant ce topic et en écoutant les extraits ! Black Byrd notamment me fait l'effet d'une bombe
Merci pour la découverte !

Ethiopian Knights est au dessus du lot me semble-t-il

C'est l'album qu'il a fait juste avant ? J'irais checker ça

Oui, c'est celui juste avant. Et il te le faut!

Tu m'as devancé sur D. Byrd Funky Whistler
Celui-là est excellent. C'est calibré ici et bien lisse mais dans cette démarche, cet album est un vrai régal, permettant d'apprécier pleinement l'expression de Byrd, sur des sonorités et rythmes bienvenus, il est vraiment top cet album, j'adore. Les suivants... y'a à boire et à manger.

LES FRERES MIZELL S'ENVOLENT SUR SKY HIGH

The Funky Whistler a déja tout dit sur ce disque du point de vue de Donald Byrd. Sur les Mizell Brothers un peu moins il est vrai à part quelques sobriquets sur leur style plus "commercial"," consensuel"," léger".

Alors du point de vue des Mizell ceci est le premier disque officiel de leur compagnie de production "Sky High" ou seront produits tous (?) leurs disques jusqu'en 1979.

Ce premier disque est pour moi un disque de transition ou le style des frangins se met en place tout en préservant l'ancienne manière de Donald B.

Justement le style des Mizell Brothers, il est reconnaissable tout de suite sur le titre éponyme ou la première évidence qui frappe est leur façon de faire chanter les instruments via des refrains enchanteurs, que l'on sifflote sous la douche .... du miel en barre.
La deuxième composante est l'intégration des voix dans les morceaux comme un instrument comme les autres, ce sont la plupart du temps des choeurs ponctuant la mélodie, mais avec un sens harmonique divin (sur "Where Are We Going" on dirait du Marvin Gaye laid-back).
Et la dernière composante est leur habileté pour le groove "mid-tempo" : "groover" avec finalement peu d'effets (écoutez "Love's So Far Away"), la fameuse dite "légèreté" ici érigée en art musical...

Même si cet album fait partie déjà des meilleurs, l'art des Mizell Frères va encore prendre de l'ampleur dans les prochains albums avec Donald B. mais aussi Bobbi H., Johnny H., Gary B. ...

Note: 5 stars /6

J'en rajoute dans ton sens Revpop car Funky Whistler chronique (d'avance LOL) Places & Spaces où figure le cultissime "Dominoes", dont le maxi a atteint des sommets dans les années 90 quand on a commencé à redécouvrir ce jazz commercial honni des années 70...
Dans les autres prods Mizell tu n'as pas cité les encore plus commerciales demoiselles de Taste of Honey! Mais comme nous sommes dans la section Jazz c'était fait exprès!

Un excellent et exhaustif article a été publié dans un précédent n° de Wax Poetics. Je suis admirative de leur oeuvre et de leurs compositions. Je ne saurai dire quel est mon album fétiche de Donald Byrd tellement ils me sont particuliers.
Peut-être que c'est celui-ci Black Byrd parce que c'est le 1er 33t que j'ai acheté de sa discographie. Et c'est vrai que c'est un pur chef d'œuvre.
J'ai crû lire ou entendre que la merveilleuse version "Where Are We Going " de Marvin était antérieure à celle de DB. Gaye l'aurait en effet rejetée au profit d'autres titres pour le lp "Let's Get It On".
Une seule remarque (pas négative au demeurant); mon oreille peu affutée avait du mal au départ à distinguer leurs productions comme par exemple le Black and Blue de la flûtiste Bobby Humphrey.
J'ai l'impression, comme le dit dans le post l'un des funk-o-logues, que ce sont les artistes qui sont les invités de leurs propres albums.
Et Wonderbibi a parfaitement raison, comment peut-on toiser le monstrueux Places and Spaces ??!!!
Du commercial de la sorte, j'en redemande

Une version Live de "Black Byrd" à Montreux en 1973 avec les frères Mizell :



Les musiciens :
Donald Byrd (trumpet, flugelhorn, vocals)
Roger Glenn (flute)
Jerry Peters (piano, electric piano)
Fonce Mizell (clavinet, trumpet, vocals)
Fred Perren (synthesizer, vocals)
David T. Walker (guitar)
Chuck Rainey (electric bass)
Harvey Mason (drums)
King Errisson (congas)
Stephanie Spruill (percussion) Larry Mizell (vocals, arranger, conductor)

Une version Live de "Flight Time" le 4 septembre 1973 à Boston :