Isaac Hayes - Black Moses
Posté : 25 sept. 2011 19:52
Isaac Hayes - Black Moses (Enterprise ENS 5003, 1971)
Titres
A1 Never Can Say Goodbye 5:07
(Clifton Davis)
A2 (They Long To Be) Close To You 8:57
(B. Bacharach, H. David)
A3 Nothing Takes The Place Of You 5:29
(Patrick Robinson, Toussaint McCall)
A4 Man's Temptation 5:02
(Curtis Mayfield)
B1 Never Gonna Give You Up 5:42
(Butler, Gamble, Huff)
B2 Medley: Ike's Rap II/Help Me Love 7:31
(Isaac Hayes, J. Baylor, L. Ingram, M. Gregory, T. Tate)
B3 Need To Belong To Someone 5:15
(Curtis Mayfield)
B4 Good Love 6-9969 5:15
(Isaac Hayes, Mickey Gregory)
C1 Medley: Ike's Rap III/Your Love Is So Doggone Good 9:15
(Dee Ervin, Isaac Hayes, Rudy Love)
C2 For The Good Times 5:20
(K. Kristofferson)
C3 I'll Never Fall In Love Again 5:02
(Bacharach, H. David)
D1 Part-Time Love 8:30
(Clay Hammond)
D2 Medley: Ike's Rap IV/A Brand New Me 9:40
(Butler, Gamble, Bell)
D3 Going In Circles 7:02
(Anita Poree, Jerry Peters)
Arrangements : Isaac Hayes, Johnny Allen (A1, A3 à D3), Dale Warren (A2, D3)
Production : Isaac Hayes
Le saint graal, une voie prophétique pour la soul
Le Moïse de la soul, voit le jour en 1942 à Covington dans le Tennessee, prématurément orphelin, il est recueilli par ses grands parents. Se découvrant des capacités de créateur sonore, il débute par le chant, puis découvre en autodidacte d'abord le piano, l'orgue, puis le saxo. Ses premiers pas artistiques il les fait en pleine période Doo Wop. Migrant pour Memphis, il ne tarde pas à atterrir chez les Mar-keys de la firme Stax, afin de souffler dans son instrument.
Jim Stewart et Estelle Axton ( le nom du label St Ax allie les deux premières initiales des deux co-fondateurs) regroupent au sein de leur structure certains des meilleurs artistes noirs, alors qu'eux sont blancs. Par ce biais, ils constituent l'une des premières initiatives multiraciales, Isaac Hayes y fait la connaissance de David Porter, puis sous le nom de Soul Children inscrit sa griffe dans certains des classiques du label.
Mais c'est après la mort de la tête d'affiche du label, Otis Redding, que le noir au crâne lisse commence à graver ses chansons dans la cire, 1968 c'est le prémonitoire « presenting » qui plante le décor. Les galettes s'enchainent d'une manière régulière, sa formule reste pourtant simple: s'approprier la soul de ses aînés (Sam Cooke en tête….), reprendre la formule usitée par les musiciens issus de la scène populaire, en ralentir au maximum le tempo, puis allonger le temps moyen du titre. En fait il renouvelle la soul en y rajoutant une once de Easy Listening, sans oublier de grossir le trait « racial », éclaboussant de cuivres et de cordes grandiloquentes l'édifice.
Son travail, totalement novateur, commence à intéresser le grand public, le cinéma s'empare du cas, avec la naissance d'un genre à part entière : la Blaxploitation.
Le nom d'Isaac Hayes reste alors indissociable de Shaft, sorte de privé qui gravite dans le Harlem des 70's. C'est avec son Riff de Wah Wah que ce sorcier de studio, obtient une reconnaissance universelle. Mais notre bonhomme affiche d'autres ambitions, sa carrure de catcheur, sa barbe de druide coloré, lui donne le droit d'incarner une icône pour l'ensemble de la communauté noire.
Triomphant au Festival de Los Angeles « Wattstax», il s'affiche sur la scène en prophète mystique, s'habillant de chaines, levant les bras au ciel, il se veut comme l'incarnation de l'émergence de la nouvelle souche de la société « Afro américaine »... Il rêve de liberté pour ses brothers.
Hayes vit alors l'apogée de sa carrière, lorsque il enregistre son chef d'oeuvre, Black Moses. Ce monument de la soul funk, s'inscrit dans un registre riche et confortable. Ce double album foisonnant, enfonce les portes, puis pulvérise les limites admises du genre, on y trouve les prémices du Hip Hop sur « Good Love ».
La reprise du thème écrit par Burt Bacharach puis popularisé par les Carpenters « (They long to be) Close To You » ose un mariage contre nature, s'autorisant à copuler avec une mélodie issue de la classe blanche, le plus noir des artistes Stax, flirte avec les platines du public blanc!
Le medley « Ike's Rap/ Help Me Love à la rythmique élastique et sa mélodie de cordes à dimension quasi symphonique annonce le trip hop de Brighton .
Mais c'est la section rythmique de son orchestre, le Isaac Hayes Movement qui fait enfin admettre le funk au pays de la soul, cette action conjointe de l'oeuvre de Mister James Brown, fait que le genre évolue en harmonie avec les autres branches de la musique dite « Black ».
L'emballage reste à la hauteur de l'oeuvre et de sa portée sociale, la pochette se décline en quatre volets, Isaac prend une pose toute suggestive, affublé d'une tunique qui semble sortir de la Judée antique. L'intention est claire, il faut intimider et se montrer fort, sur le revers de la pochette le Black Moses résiste au poids important de ses chaines.
Isaac Hayes sacralise sa soul, livrant un opus gorgé d'un beau bouquet de covers, il tente de brosser un panorama musical de l'époque: Les Jackson 5, Curtis Mayfield, le tandem de Philly, Gamble & Huff s'enchainent, pour ensuite s'engager sur un terrain country, via le « For The Good Time » de Kris Kristofferson.
Au travers de ce melting pot musical, la ville de Memphis (Tennessee) et ses deux labels Stax et Ardent , demeure avec Muscle Shoals (Alabama) le centre névralgique de l'identité sonore du sud profond. Et il faut bien admettre que Mister Hayes a joué son rôle dans ce chaudron bouillonnant.
Black Moses réconcilie deux souches de la population américaine par le biais de son expression musicale, puis demeure le sommet de l'homme chauve à la voix chaude!
Titres
A1 Never Can Say Goodbye 5:07
(Clifton Davis)
A2 (They Long To Be) Close To You 8:57
(B. Bacharach, H. David)
A3 Nothing Takes The Place Of You 5:29
(Patrick Robinson, Toussaint McCall)
A4 Man's Temptation 5:02
(Curtis Mayfield)
B1 Never Gonna Give You Up 5:42
(Butler, Gamble, Huff)
B2 Medley: Ike's Rap II/Help Me Love 7:31
(Isaac Hayes, J. Baylor, L. Ingram, M. Gregory, T. Tate)
B3 Need To Belong To Someone 5:15
(Curtis Mayfield)
B4 Good Love 6-9969 5:15
(Isaac Hayes, Mickey Gregory)
C1 Medley: Ike's Rap III/Your Love Is So Doggone Good 9:15
(Dee Ervin, Isaac Hayes, Rudy Love)
C2 For The Good Times 5:20
(K. Kristofferson)
C3 I'll Never Fall In Love Again 5:02
(Bacharach, H. David)
D1 Part-Time Love 8:30
(Clay Hammond)
D2 Medley: Ike's Rap IV/A Brand New Me 9:40
(Butler, Gamble, Bell)
D3 Going In Circles 7:02
(Anita Poree, Jerry Peters)
Arrangements : Isaac Hayes, Johnny Allen (A1, A3 à D3), Dale Warren (A2, D3)
Production : Isaac Hayes
Le saint graal, une voie prophétique pour la soul
Le Moïse de la soul, voit le jour en 1942 à Covington dans le Tennessee, prématurément orphelin, il est recueilli par ses grands parents. Se découvrant des capacités de créateur sonore, il débute par le chant, puis découvre en autodidacte d'abord le piano, l'orgue, puis le saxo. Ses premiers pas artistiques il les fait en pleine période Doo Wop. Migrant pour Memphis, il ne tarde pas à atterrir chez les Mar-keys de la firme Stax, afin de souffler dans son instrument.
Jim Stewart et Estelle Axton ( le nom du label St Ax allie les deux premières initiales des deux co-fondateurs) regroupent au sein de leur structure certains des meilleurs artistes noirs, alors qu'eux sont blancs. Par ce biais, ils constituent l'une des premières initiatives multiraciales, Isaac Hayes y fait la connaissance de David Porter, puis sous le nom de Soul Children inscrit sa griffe dans certains des classiques du label.
Mais c'est après la mort de la tête d'affiche du label, Otis Redding, que le noir au crâne lisse commence à graver ses chansons dans la cire, 1968 c'est le prémonitoire « presenting » qui plante le décor. Les galettes s'enchainent d'une manière régulière, sa formule reste pourtant simple: s'approprier la soul de ses aînés (Sam Cooke en tête….), reprendre la formule usitée par les musiciens issus de la scène populaire, en ralentir au maximum le tempo, puis allonger le temps moyen du titre. En fait il renouvelle la soul en y rajoutant une once de Easy Listening, sans oublier de grossir le trait « racial », éclaboussant de cuivres et de cordes grandiloquentes l'édifice.
Son travail, totalement novateur, commence à intéresser le grand public, le cinéma s'empare du cas, avec la naissance d'un genre à part entière : la Blaxploitation.
Le nom d'Isaac Hayes reste alors indissociable de Shaft, sorte de privé qui gravite dans le Harlem des 70's. C'est avec son Riff de Wah Wah que ce sorcier de studio, obtient une reconnaissance universelle. Mais notre bonhomme affiche d'autres ambitions, sa carrure de catcheur, sa barbe de druide coloré, lui donne le droit d'incarner une icône pour l'ensemble de la communauté noire.
Triomphant au Festival de Los Angeles « Wattstax», il s'affiche sur la scène en prophète mystique, s'habillant de chaines, levant les bras au ciel, il se veut comme l'incarnation de l'émergence de la nouvelle souche de la société « Afro américaine »... Il rêve de liberté pour ses brothers.
Hayes vit alors l'apogée de sa carrière, lorsque il enregistre son chef d'oeuvre, Black Moses. Ce monument de la soul funk, s'inscrit dans un registre riche et confortable. Ce double album foisonnant, enfonce les portes, puis pulvérise les limites admises du genre, on y trouve les prémices du Hip Hop sur « Good Love ».
La reprise du thème écrit par Burt Bacharach puis popularisé par les Carpenters « (They long to be) Close To You » ose un mariage contre nature, s'autorisant à copuler avec une mélodie issue de la classe blanche, le plus noir des artistes Stax, flirte avec les platines du public blanc!
Le medley « Ike's Rap/ Help Me Love à la rythmique élastique et sa mélodie de cordes à dimension quasi symphonique annonce le trip hop de Brighton .
Mais c'est la section rythmique de son orchestre, le Isaac Hayes Movement qui fait enfin admettre le funk au pays de la soul, cette action conjointe de l'oeuvre de Mister James Brown, fait que le genre évolue en harmonie avec les autres branches de la musique dite « Black ».
L'emballage reste à la hauteur de l'oeuvre et de sa portée sociale, la pochette se décline en quatre volets, Isaac prend une pose toute suggestive, affublé d'une tunique qui semble sortir de la Judée antique. L'intention est claire, il faut intimider et se montrer fort, sur le revers de la pochette le Black Moses résiste au poids important de ses chaines.
Isaac Hayes sacralise sa soul, livrant un opus gorgé d'un beau bouquet de covers, il tente de brosser un panorama musical de l'époque: Les Jackson 5, Curtis Mayfield, le tandem de Philly, Gamble & Huff s'enchainent, pour ensuite s'engager sur un terrain country, via le « For The Good Time » de Kris Kristofferson.
Au travers de ce melting pot musical, la ville de Memphis (Tennessee) et ses deux labels Stax et Ardent , demeure avec Muscle Shoals (Alabama) le centre névralgique de l'identité sonore du sud profond. Et il faut bien admettre que Mister Hayes a joué son rôle dans ce chaudron bouillonnant.
Black Moses réconcilie deux souches de la population américaine par le biais de son expression musicale, puis demeure le sommet de l'homme chauve à la voix chaude!