Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Boogie, Modern Soul, Disco Boogie, Disco Funk, Disco Soul…

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Revpop

Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par Revpop »

L'ODYSSEE SOUL D'UN HOMME DE L'OMBRE

Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady (Curtom ‎CU 5015, 1977)

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Titres

A1 Sugar Candy Lady 3:27
A2 I Know The Feeling Well 3:46
A3 Play My Music 3:36
A4 The Saga Of Sadie Lee 6:54

B1 Feel The Magic 3:40
B2 I'm Gonna Make Her Mine 3:37
B3 Alone At Last (Part I & II) 7:16
B4 My Love For You Grows 3:22

Bonus sur CD (Sequel Records ‎NEMCD361) :
She's Got Me Singing 3:00

Crédits

Joseph Scott : basse
Thomas Palmer : basse
Billy Butler : guitare
Gary Thompson : guitare
Tom Ferrone : guitare
Phill Upchurch : guitar
Quinton Joseph : batterie
Donnel Hagan : batterie
Rufus Hill : claviers
Rich Tufo : claviers
Henry Gibson : congas

Arrangements : James Mack,
Production : Billy Butler et Rufus Hill.


"Billy Butler as you know is one of the most underrated heroes in soul music".
Ce n'est pas moi qui le dit mais c'est Kevin Goines qui le revendique haut et fort sur Soulful Detroit.

Billy, l'homme de l'ombre, on peut comprendre car comment ne pas se cacher derrière ces monuments, ces totems que sont ton grand frère Jerry Butler et surtout Curtis Mayfield, ton mentor qui te mit le pied à l'étrier, le 8 mai 1963, sur le label Okeh, alors que tu avais à peine 18 ans, à peine plus haut que trois pommes à l'époque.

Billy, l'homme effacé, comment les feux de la rampe n'ont pas éclairé ton chemin pavé de "Beautiful love songs" au cours des années soixante tandis qu'au même moment ton grand frère, The Iceman, surfait de succès en succès, en reprenant parfois tes chansons ( "I Stand Accused"), et que, toi, tu égrenais au mieux des petits hits locaux.

Billy, l'homme malchanceux, la poisse ruisselant abondamment sur tes projets, tu trébuchais, parfois chutais, à chaque fois qu'il était question de contrats juteux ou d' autres chimères, les labels capotant un après l'autre dès que tu signais ou que tu enregistrais, le dernier n'étant pas le moindre : Curtom, le label de Curtis Mayfield.

Billy, l'homme trompé, l'homme bafoué, jamais au bon endroit, toujours là au mauvais moment, mais quel talent tu possédais pour assembler quelques accords magiques sur des chansons de moins de trois minutes !

Et les années 70 ?
Encore pire, à part l'épisode avec le groupe Infinity commencé en 1967 et qui aboutit à l'enregistrement d'un LP chez Pride en 1973, Billy végétait, faisait la pige en jouant de la guitare sur les disques de ton grand frère qui, grand seigneur, chantait de temps en temps une de tes compositions, noyée qu'elle était parmi celles des songwriters hip du moment.

Puis Curtis Mayfield est réapparu, s'est assis, a écouté Billy jouer, songeur, et a été finalement conquis au point de le faire signer fin 1976 sur Curtom pour enregistrer ce qui restera l'unique album solo de Billy, vous savez le fameux "one of the unluckiest men in the history of recorded music".
Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Thom Jureck de Allmusic.

Cet album solo était la chance de sa vie, quatorze ans après son petit bout d'essai. Il y mit donc toute son énergie, ambitionnant de rivaliser avec les plus valeureux de ses pairs : Jerry et Curtis en première ligne.

Il s'occupa de tout y compris du design de la pochette; il voulait qu'elle soit la plus sexy, la plus sensuelle, loin de son image frêle et tremblotante, une bouche aux lèvres rosées et pulpeuses, prête à croquer, à n'en faire qu'une bouchée de ce qui pourrait être la musique de Billy, un peu de son âme ...

Et pour la musique, il invoqua les dieux pour qu'elle soit à la hauteur de ses ambitions.

Il commença par "Alone At Last" qu'il composa en deux parties, la première en hommage à Jerry et l'autre à Curtis, une chanson phare qui devait se révéler être l'épitome de son œuvre. Plus de sept minutes rappelant les plus belles heures de la Soul des Seventies.
Quelques notes de piano suivies de quelques bulles de Fender Rhodes ouvrent le bal, un coup de cymbale annonce l'arrivée de la voix enchanteresse de Billy; c'est une ballade ballotée par des vagues de violons aussi larges que l'horizon et des cors ronds qui "bruinent" sur la mélodie, une ballade dont le grand frère serait tombé amoureux, transi.
Puis le décor s'ouvre, les rideaux se lèvent sur la deuxième partie où une basse vrombissante pousse en dehors du cadre les violons automnaux, la voix de Billy change et prend la tessiture d'un falsetto rugueux qui navigue dans les eaux des arrangements fabuleux d'un Richard Tufo. Chef d’œuvre.
Billy était fier de ce morceau et cela devait être sa carte de visite.

Après Jerry et Curtis, Billy, toujours plein d'ambitions, s'attaqua à la Modern Soul et composa "Feel The Magic", un mid tempo magique porté par une guitare éruptive (celle de Billy ?) , une basse bondissante sur lesquelles sont collés des chœurs d'une coolitude sucrée et des mouvements de violons qui, tels des brises, te rafraichissent le visage.
Billy était fier de ce morceau et cela devait être son premier 45 tours. Sans aucun succès.

Billy en voulait à son frère de ne pas reconnaitre suffisamment chez lui ses dons, alors il composa, rien que pour lui, une bluette, genre dont Jerry raffolait, nommée "I'm Gonna Make Her Mine", une bluette mutine traversée par une flûte lutine sur une mélodie divine et chantée par la voix voluptueuse de Billy.
Billy était fier de ce morceau et cela devait faire fondre les égos de son frère.

Et Billy sortit une quatrième carte de sa manche : il savait que son grand frère aimait autant les airs tragiques que les bluettes sensibles, alors il composa une sorte d' oratorio "The Saga Of Sadie Lee ", une longue saga gorgée de blues et de gospel, racontant des histoires pleines de bruit et de fureur où le stupre se mêle à la détresse et au sordide.
Billy était fier de ce morceau et cela devait plaire aux amateurs de protest songs et de blues, toujours aussi sourcilleux derrière leurs lunettes cerclées.

Le reste de l'album se décomposait de morceaux légèrement discoïdes et fortement sensuels, le titre éponyme et "Play My Music", et de titres plus Northern Soul comme "My Love For You Grows", le gospelisant "I Know The Feeling Well " et le bonus "She's Got Me Singing".

Billy était fier de son album solo. Pas de pot, peu après, Curtom arrêta les frais.
Le pauvre Billy, la mort dans l'âme, se retrouva à faire le sideman, à jouer de la guitare derrière l'Iceman, durant ses longues tournées, et arrêta de composer, déçu à vie.

Epilogue :

-"Au fait, frangin, je ne sais plus si je t'ai dit que j'aimais bien ton disque, dommage qu'il n'ait pas marché, si tu veux on pourrait en jouer quelques morceaux pendant la tournée"
- "Merci Jerry, mais c'est ta tournée pas la mienne, les gens ne comprendraient pas..."
- "Je vois à ton regard, il est encore plein d'amertume, tu sais, il faut savoir positiver Billy .." répliqua Jerry, qui avait depuis son enfance, une âme de politicien, qu'il deviendra plus tard ".. Je vais te dire la famille Butler doit être fière de ces années 70, tu sais, à nous deux on a pondu trois chef d’œuvres dont le tien, bien entendu !"

Note: 5 stars/6

Extraits

Alone At Last (Part I & II) :


Feel The Magic :


I'm Gonna Make Her Mine :


The Saga Of Sadie Lee :


Sugar Candy Lady :


Play My Music :


My Love For You Grows :


She's Got Me Singing :
Modifié en dernier par Revpop le 02 mai 2015 14:48, modifié 2 fois.


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Phil

Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par Phil »

Très beau sujet Revpop ! {resp@ct#

Mais Billy avait déjà eu un album sous son nom : "Right Track", sur OkeH ;)

http://www.discogs.com/Billy-Butler-Rig ... e/2685973

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Revpop

Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par Revpop »

Yeahh Phil, :yeahhh:
tu as raison sur l'orthographe de Okeh (rectifié), et sur cet Lp que j'ai bien sur vu sur discogs mais je n'ai pas tilté, on va dire que c'est un recueil de 45t, comme cela se faisait beaucoup à l'époque, et non un vrai album solo bourré d'inédits ! ;)
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silverfox

Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par silverfox »

Malgré son excuse alambiquée, Revpop s'en sort bien parce que ce LP OKeh est paru fin 1966, or à l'époque il était déjà passé sur Brunswick.

Ceci dit, pour moi, ces enregistrements OKeh sont sublimes tout comme les Major Lance.
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Revpop

Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par Revpop »

silverfox a écrit :Ceci dit, pour moi, ces enregistrements OKeh sont sublimes tout comme les Major Lance.
Je t'invite à les chroniquer, fais le pour Billy, il en a bien besoin !
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silverfox

Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par silverfox »

Oui, mais sur OKeh, c'est du Rhythm and Blues, limite doo-wop et Funkiness n'ayant pas un cœur remis à neuf comme moi, il risque un arrêt cardiaque fatal !
Il vaut mieux pour lui rester à cet album Curtom.
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Wonder B

Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par Wonder B »

Merci pour lui silverfox!!! :lol:

Belle chronique Revpop!!!! J'aime beaucoup ce disque.
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Phil

Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par Phil »

silverfox a écrit :Oui, mais sur OKeh, c'est du Rhythm and Blues, limite doo-wop et Funkiness n'ayant pas un cœur remis à neuf comme moi, il risque un arrêt cardiaque fatal !
:lol: Oui mais il aime quand même Curtis Mayfield, dont la marque est très forte sur ce disque. :afro:

Mais c'est vrai que 1966 c'est un peu trop vintage pour la politique du bureau Funk-O-Logy. :old:

J'ai l'album avec Infinity, qui a ses moments, mais j'ai toujours fait l'impasse sur ce Sugar Candy Lady. Je pense que je vais continuer. :cool: ;)
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funkiness
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Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par funkiness »

silverfox a écrit :Oui, mais sur OKeh, c'est du Rhythm and Blues, limite doo-wop et Funkiness n'ayant pas un cœur remis à neuf comme moi, il risque un arrêt cardiaque fatal !
Il vaut mieux pour lui rester à cet album Curtom.
:lol:

J'apprécie ton attention et ta délicatesse ;)
Wonder B a écrit :Merci pour lui silverfox!!! :lol:

Belle chronique Revpop!!!! J'aime beaucoup ce disque.
Je plussoie mon bon Wonder B ! Superbe album !
Phil a écrit : :lol: Oui mais il aime quand même Curtis Mayfield, dont la marque est très forte sur ce disque. :afro:

Mais c'est vrai que 1966 c'est un peu trop vintage pour la politique du bureau Funk-O-Logy. :old:
Faut voir, j'aime bien les albums des Impressions de cette époque mais c'est sweet soul plus que r&b ou doo wop.
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Revpop

Re: Billy Butler ‎– Sugar Candy Lady

Message par Revpop »

Phil a écrit :J'ai l'album avec Infinity, qui a ses moments,
et oui des moments fabuleux comme ce morceau co-écrit par Billy Butler, Larry Wade et Terry Callier, "I Don't Want To Loose You" :
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