.. such a shame, Jean !
Laisse moi te dire que ce n'est pas le TalKTalk que tout le monde connait auquel notre blogueur fait référence, c'est un autre Talk Talk : celui de la maturité, de l'expérimental "Spirit Of Eden" au classique des classiques "Laughing Stock". Des oeuvres aux confins du jazz, de la musique classique, de l'ambient et du post rock. Les historiens du rock les considèrent comme des albums qui ont marqué la fin des années 80 et le début 90, annonçant par exemple Radiohead et Ok Computer.
On peut ne pas aimer, préférer même les saynètes synthé-pop, mais on doit reconnaitre leur niveau d'exigence, leur volonté d'innover, d'aller sur des territoires inconnus.
Nier cela, c'est comme nier la place d'un Gil Scot-Heron dans la musique noire (Marvin Gaye étant ici trop consensuel).
Etes vous posé la question pourquoi Lou Bond a pu être la Hype Soul des magazines rocks ?
Personnellement j'ai découvert, par hasard, Lou Bond par trois lignes de mon critique rock préféré Christophe Conte sur le site des Inrocks que voici :
"
Après avoir exhumé le génial Sixto Rodriguez, les bienfaiteurs de Light in The Attic rééditent cet autre trésor des seventies, paru chez Stax à l’époque. Un chef d’œuvre de soul orchestrale et de folk ardent, entre Isaac Hayes et Terry Callier"
Mes yeux avaient à peine fini de lire le nom de Terry Callier, que mes petits doigts tapotaient le nom magique de Bond sur le Net; et des Bond j'en ai trouvés ! Mais pas celui que je voulais. J'ai fini par trouver la video des 10 minutes de "To The Establishment" et ce fut une très grande claque, le souffle coupé, les mains devenant moites... cf ma notule.
Ce qui m'intéresse dans Lou Bond c'est qu'il est au confluent de plusieurs styles : roots, mais pas trop, du grand orchestre, mais pas boursouflé pour autant.
Une pierre rugueuse dans un écrin de satin.
Complètement atypique. Il y avait longtemps que je cherchais une filière pour mon ami Terry Callier et ce fut l'ami Lou...
Mais dans le genre, il n'y a pas foule, et quand j'en trouve un, j'aurais tendance à le porter (trop) au pinacle, c'est vrai, le dernier étant Jae Mason et son album "Debut"...
Et les critiques rock (et son public averti) aiment repérer ce genre d'anomalie parmi la faune soul/funk, il repère la tête qui dépasse, le mec qui fait pas comme tout le monde, car pour le reste ces mêmes critiques n'ont pas l'oreille assez fine pour entendre et retenir toutes les subtilités de cette production. C'est normal car ils sont avant tout des observateurs; ils ne la vivent pas au quotidien.
L'inverse est bien entendu vrai avec les critiques Soul/Funk et leurs jugements à l'emporte pièce sur le rock (ça me fait sourire des fois de lire vos avis avisés sur le rock).
Et souvent le critique d'un camp sort son pince nez quand il voit le camp adverse (?) lui agiter sous les yeux le chef d'oeuvre qu'il ne connait pas encore... Réaction humaine assurément, serait ce le cas ici pour l'ami Lou ?
Et puis je vais vous dire le fin fond de ma pensée : j'aurais aimé que l'on me fasse découvrir ces artistes, sûrement peu connus, qui travaillent la même matière que Lou et Terry au lieu de railler sur Talk Talk et sur la personne du pauvre blogueur

, vous n'êtes pas d'accord ?