Avec Clinton on ne sait jamais à quoi s'attendre... Chaque concert est différent du précédent. Parfois c'est moins bien... parfois c'est mieux...
Cette fois-ci c'était énorme...!!!!
Une ambiance déjà particulière avec cette scène en plein air posée au milieu du lac d'Enghien, un endroit merveilleux et si différent des salles de concerts habituelles.
Les artistes qui arrivent par bateau du ponton du Casino situé juste derrière...! Une entrée qui devait être une première même pour un vétéran comme Uncle George!
Une organisation sans défaut avec une restauration à la hauteur de ce festival de Jazz qui métite vraiment le détour.
Un démarrage en fanfare avec les FHAS au (presque) complet qui ont bien assuré avec quelques reprises de P-Funk pour la connexion avec l'évènement majeur de la soirée, tellement bien d'ailleurs que P-Nut Johnson est resté pendant la moitié du concert devant la scène. A ma question de savoir s'il appréciait ces morceaux qu'il a dû chanter plusieurs milliers de fois dans sa carrière, P-Nut ne tarit pas d'éloges sur ce qu'il entendait.
Ensuite ce fût une migration en douceur de cette petite scène où les spectateurs étaient tranquillement allongés sur le gazon, vers la scène principale où se produisait Sheila E sur les coups de 21h00 pétantes. Groupe en costards noirs, lunettes noires, Sheila en robe lamé argent/or avec une coiffure en pagode du plus bel effet, une silhouette à tomber par terre malgré ses bientôt 55 printemps (anniversaire le 12 décembre) et surtout une énergie monumentale qui emballa la foule qui grossissait au fil des minutes. Elle a passé en revue tous ses classiques Princiers (pour le plus grand bonheur des 'ultras' présents devant la scène depuis des heures!)... Belle of St Mark, Glamorous Life, Love Bizarre, tout y est passé plus quelques morceaux de son dernier album plus latino mais très entraînant.
Un groupe à la hauteur de la réputation de la dame avec un batteur énorme (il faut bien arriver à rivaliser avec les baguettes magiques de la patronne) et un guitariste charismatique avec plus de cheveux sur la tête que l'ensemble du groupe réuni (Sheila incluse! LOL). Un petit hommage au cours du set à George et sa bande de furieux, prémisse à ce qui allait se passer plus tard.
Sheila emprunte deux fois le ponton étroit qui rejoint la rive du lac pour venir communier avec le public et en profite pour faire du lancer de baguettes dont une qui arrivera à portée de ma main malheureusement occupée à tenir l'appareil photo pour prendre un cliché de la belle. Damn, already!
Le soleil couchant sur le lac en arrière plan avec la légère brise de cette soirée d'été (si si!) agrémentait le spectacle de manière magique.
Puis ce fût le moment d'installer le matos des PFAS... Pas une mince affaire vu le nombre de membres de la horde qui allait déferler sur scène. Là où il avait fallu un bateau pour amener le groupe de Sheila il allait en falloir deux sinon trois pour acheminer tout ce beau monde...! Heureusement que ce moyen de transport avait été privilégié à l'étroite passerelle emprûntée par Sheila! Dans l'état habituel de nos amis on aurait pu craindre quelques sauvetages nécessaires aux cris de "un homme au lac"!
Démarrage rare car pour une fois ce n'est pas le mythique Cosmic Slop qui entamait les débats (il ne fût d'ailleurs pas sur leur playlist).
Une playlist complètement révisitée avec des morceaux jamais entendus dont une longue et phénoménale version de Mr Wiggles extrait de Motor Booty Affair!
You & Your Folks Me & My Folks, I Bet You, Knee Deep, Flashlight, One Nation Under A Groove, Maggot Brain, quelques titres de ce set...
Mais plus encore que la matière, il y a eu la manière. En effet mis à part l'intro assez Funkadelienne avec un son venu de partout, une énorme orgie sonore pleine de guitares (trois, dont Michael Hampton et le revenant André Foxxe), plusieurs morceaux furent joués d'une façon éthérée, dénudée, presque jazzy. Un changement qui se mariait si bien avec le décor, et avec l'ambiance de cette foule devenue massive et étalée tout en largeur vu la profondeur restreinte qui allait jusqu'aux balcons des riverains (rupins) du lac qui ont du moyennement apprécier le 'vacarme'!
Funkiness et moi étions d'accord sur l'état de grâce qui a semblé souffler hier soir sur les eaux tranquilles du lac.
La version de Maggot Brain emmenée par un Michael Hampton des grands soirs fut à cet égard un résumé de la magie qui opérait. A la diférence de nombreuses fois où je les ai vus en concert et où on 'abandonnait' Michael avec Lige et le batteur, cette fois-ci les claviers étaient restés, les deux guitaristes aussi, et après l'introduction classiques en arpèges, la première note du solo nous mit les poils à la verticale.
Grand moment de communion devant le Pape du Funk, le représentant sur terre de ces aliens débarqués du Mothership!
Il ne faut pas oublier de mentionner les 'classiques' du show tous à leur top, notamment Sir Nose (Carlos McMurray) à la plastique parfaite sur laquelle le temps ne semble avoir aucune prise, Greg Thomas dont le sax associé à la trompette de Bennie Cowan et à trois autres membres ajoutés à cette section de cuivres devenue énorme (dont une femme dont je ne connais pas le nom au sax) a assuré le côté incisif; Greg nous a aussi fait son habituel solo de scat, mais il était plus en verve qu'à lacoutumée, faisant chanter tout l'auditoire. Lige Curry impérial dans le gros son sur sa basse, mais c'est Jeff 'Cherokee' Bunn qui commit le solo dont on va se souvenir longtemps! Un espèce d'OVNI de Funk brut qui nous mis une banane énorme.
Danny Bedrosian qui avait mangé du lion chanta un morceau dont le titre ne me revient pas pour le moment avec une autorité que je ne lui connaissais pas, agrémenté d'un solo de synthé de toute beauté.
Et bien sûr comment passer sous silence la voix magique de Steve Boyd, devenu par la force des choses la clef de voûte vocale du groupe, celui qui va chercher les notes et envoie la Soul avec un S capital dans le funk comme le faisait si bien le regretté Garry...
Evidemment il faut parler de George et ses 71 années de délire! Comment fait-il pour sauter en l'air comme un ludion et tenir la scène comme il l'a fait (là pas beaucoup de possibilités pour partir en coulisses pour se refaire une santé comme il a l'habitude de le faire) Un George dont l'excellent Clip Payne (à la voix de plus en plus grave) impeccable dans son boulot de MC spatial, ne manqua pas de faire remarquer à la foule le look très différent dont il se pare depuis quelques temps...
'If you're looking for the man with the crazy colored hair, there will be none of that tonight' 'This is the REAL George CLINTOOOOOOOOON'! George en costard cravate lamé argent, le chapeau (rapidement suspendu au sommet d'un pied de micro) le crâne soigneusement coiffé avec une coupe au millimètre, nous offre un contraste encore plus étonnant entre le ramage et le plumage!!!! La Fontaine aurait apprécié!
Mon seul (et maintenant bien connu!) regret reste Kim Manning dont les virevoltes en patin me semblent tout aussi incongrues que ses hurlements suraigüs... Je ne m'étendrais pas plus longtemps sur le sujet.
Enfin il faut bien entendu parler de la guest star... Sheila E... Survoltée, aux anges de pouvoir jouer avec George et sa bande, elle resta sur le devant de la scène pendant un bon tiers du spectacle, tapant avec une joie non feinte sur ses 'timbales', renversant la moitié du dispositif et continuant à genoux à taper sur ses cymbales renversées, avec George heureux de voir cette participation stratosphérique ajouter du sel à la mixture qu'il s'appliquait à concocter. Du coup il lui tendait le micro pour qu'on ne perde pas une miette des interventions de la belle.
La choriste de Sheila, Sy Smith, avec son énorme perruque afro rouge et noir ne s'est pas privée non plus pour venir danser pendant le set.
A la fin on comptait plus de 35 personnes sur scène, un vrai délire Clintonien!
Bref difficile de résumer (et pourtant j'ai déjà largement dépassé les limites réglementaires des posts de forums!) une soirée qui va rester gravée dans nos mémoires.
Pour ajouter du poids à mon descriptif, j'ajoute que Mathilda May (notre actrice bien connue à la plastique de rêve) venue en vraie amoureuse de Funk qu'elle est (je me souviens de son Zénith sur Canal avec Michel Denisot au début des années 90 où elle avouait son amour du genre et notamment pour Cameo) et qui se trouvait à peine à deux mètres de notre groupe a dansé pendant trois heures jusqu'à ce que le Mothership disparaisse dans le ciel de traîne qui flottait au dessus de l'endroit!
Bref pour le prix qu'on a payé (donc €0!) on peut dire que nous en avons eu pour notre argent!!!!
J'en oublie sûrement mais bon les autres complèteront!
Des comme çà, c'est quand ils veulent.
PS : Pour le confort, j'ajoute que Clinton en extérieur c'est mieux qu'en salle, car la chaleur émanant de la cocotte minute mise sous pression par le Funk Overlord est parfois difficile à supporter. En plus malgré le volume sonore 'normal' pour les PFAS, le fait que ce soit en plein air nous a évité de devoir s'équiper comme à l'habitude des bouchons d'oreille spéciaux. Bref que du bonheur!