FUNK-O-LOGY

Leroy Hutson - Hutson (Curtom CU 5002, 1975)

LA SOUL : L'HISTOIRE D'UN CHAMBELLAN QUI VOULUT ETRE LeROY DE L'ELEGANCE




Titres

A1 All Because Of You 7:03
A2 I Bless The Day 4:45
A3 It's Different 4:42

B1 Cool Out 3:00
B2 Lucky Fellow 5:02
B3 Can't Stay Away 6:33
B4 So Much Love 3:19

Crédits

Leroy Hutson : chant, piano, Rhodes, synthétiseur
Beverly McLin, Kitty Haywood Singers : chœurs
Joseph Scott : basse
Phil Upchurch : guitare acoustique, guitare
Craig McMullen, Stephen Harris : guitare
Donnell Hagan : batterie, percussions, clavinet
Master Henry Gibson : congas
Ronald Coleman : claviers
Jerry Wilson : saxophone alto, saxophone ténor
Bill McFarland : trombone
Michael Harris : trompette
Aaron Dodd : tuba

Arrangements : Leroy Hutson, Rich Tufo
Production : Leroy Hutson

Leroy Hutson fait partie de ces artistes mal connus, voire mal aimés, restés dans l'ombre des monarques qu'ils ont côtoyés.

Figurez vous que Leroy H. fut compagnon de chambre (d'où son surnom de chambellan) de Donny Hathaway à Howard University - Washington DC (pour suivre des études de dentiste...); ce dernier lui demanda de rejoindre, sur le campus, les "Mayfields Singers" groupe patronné tout simplement par Curtis Mayfield. Il en sorti d'ailleurs un 45 tours en 1967 :"Don't Start None".

Donny Hathaway et Curtis Mayfield : 2 monstres, 2 légendes vivantes à qui notre ami rendit un certain nombre de services, pour le premier il lui offrit la perle "The Ghetto" qui fût à l'origine du succès, de la reconnaissance de Donny, pour le deuxième il le remplaça, sur le champ, illico presto, comme leader des Impressions permettant à Curtis de batifoler éperdument dans ses désirs de Solo.

Arrêtons les comparaisons gênantes, Leroy Hutson, s'il n'arrive pas à leurs chevilles, n'en est pas moins un des Princes de la Soul, celle qui se veut mellow, soyeuse : comme des bonbons précieux à la menthe destinés aux amoureux.
Mais ce n'est pas non plus un Barry White du pauvre! Au contraire! Car le bonhomme a de la classe, de l'ambition dans l'écriture, de la science musicale à revendre.
Et les 4 premiers albums solos chez Curtom ("Love Oh Love","The Man","Hutson","Hutson II") vont le prouver, plus particulièrement le "Hutson" de 1975, qui est pour moi son Masterpiece.
Sur "Hutson", Leroy H. en est même l'Impérator Omnipotent (d'où son titre) : chanteur, auteur-compositeur, pianiste, producteur et même arrangeur laissant toutefois Richard Tufo nous combler encore une fois de ses arrangements de cordes renversants.

Leroy H. commence très fort par un morceau "All Because Of You" qui deviendra sa signature : 7 minutes d'un groove d'une élégance rare : la rythmique est précieuse, les arrangements de cordes et de cuivres gorgés de soul. Ici pas de grandes orgues, pas de rythmes pachydermiques, ni de pâtisserie viennoise, nous sommes plutôt dans la préciosité féline, dans l'onctuosité d'un tiramisu vénitien.
"I Bless The Day" est avec 'Can't Stay Away" de l'autre face, l'un des deux "Love Songs" dont on retiendra surtout la science des arrangements sophistiqués. "It's Different" est un groove légèrement jazzy, écoutez moi cette économie des sons, cette capacité à délier les sons les uns par rapport aux autres, pour mieux les enrober dans une mélodie enchanteresse, ici, au synthé.
Leroy H. ouvre la face B sur un autre de ses chefs d'oeuvres : "Cool Out"; il nous pond là un pur morceau jazzy où il côtoie les maitres du genre, au premier rang desquels je convoque Gil Evans et Duke Ellington. Pas moins. Son seul défaut est qu'il dure à peine 3 minutes.
Il ré-itère dans les sommets avec "Lucky Fellow" où le groove précieux devient félin, racé, pour s'élever vers un final ombrageux dans lequel un saxo en furie se dispute à des cordes tempétueuses.
Quant à "So Much Love", il clôt le disque sur un groove chaloupé, chaleureux où chœurs, saxo et cordes s'unissent à l'horizon.

Fin du premier épisode "Hutson", et ce n'est pas terminé car il en eut un deuxième le "Hutson II".
Comme quoi, pour un second couteau : l'appétit vient en mangeant ....

Note: 5.5 stars /6






All Because Of You


Lucky Fellow


Cool Out


I Bless The Day :


It's Different


Can't Stay Away :


So Much Love :


Extra : Mayfield Singers (1967)

Une pure merveille même si en funkateer invétéré mon préféré est justement le 'II', mais celui ci vient juste après...

mon album préféré de Leroy, "All Because Of You", "Lucky Fellow", "It's Different", tout ça est merveilleux

C'est aussi mon préféré, quasi ex-aequo avec "The Man !"

J'ai compris ce qu'il me reste à faire ! c'est ce qu'on appelle être pris en sandwich

pour info, DJ Pari avait fait une super émission dans son show dédié entièrement à Leroy Hutson. Il y avait le lien sur le blog de l'émission Midnight Soulstice (http://midnightsoulstice.podbean.com/) mais je ne le retrouve pas...

Edit: je viens de le trouver, il y a une interview de Leroy aussi...

http://midnightsoulstice.podbean.com/20 ... w-special/

Leroy est énorme, pratiquement rien à jeter dans sa discographie, pas même l'album de 82 !
bravo pour le sujet Revpop !
je me souviens de l'émission de Pari, qui l'avait fait venir ensuite à Londres

Funkiness, tu vas rigoler : je me suis arrêté à Hutson II, allez j'ai quand même "glissé quelques oreilles" sur "Feel The Spirit" mais après stop terminé
Ah cette fameuse barrière des années 7x... Indécrottable je suis !

UP !

Avec une version live de "All Because Of You" :

Merci pour le sujet, c'est un artiste que je ne connaissais pas. Comme quoi, on a toujours des lacunes.

A l'écoute des deux premiers morceaux, je n'ai pas trop accroché mais tout de suite après, j'ai trouvé ce côté "mellow et soyeux" comme tu dis si bien. Pour ma part, le niveau musical de cet album est assez élevé.
En plus, il y a du Rhode ce qui ne gâche pas le plaisir de l'écoute.

J'attends la suite

N'enterrons pas trop vite le Leroy après le II. Feel The Spirit (1976) est une bombe démentielle (si si: It's The Music !) et Closer To The Source (78?) est encore très séduisant. A chroniquer !

Leroy Hutson est un MAÎTRE, une LÉGENDE, voire un GÉNIE.
Et tous ses albums valent le détour, même si les premiers sont un cran au-dessus.

Un grand, c'est sûr, rien que pour avoir co-écrit "The Ghetto", respect !

Mais je le préfère avec les Impressions et Curtis (s'il y avait un génie dans la bande, c'était lui, imho) aux manettes. Dans sa carrière solo, j'ai un faible * pour son premier, The Man, magnifiquement torché, et un morceau comme "Can't Say Enough About Mom" n'aurait pas dépareillé sur le "What's Going On" de qui vous savez.

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* sûrement parce que c'est de 73 et donc plus dans ma période de prédilection, en gros 67/73, sans être complètement obtus mais c'était quand même souvent mieux avant

Old Mod a écrit :Mais je le préfère avec les Impressions et Curtis aux manettes.

Sans rire, ton avatar te trahirait-il pas ?

Old Mod a écrit :sûrement parce que c'est de 73 et donc plus dans ma période de prédilection, en gros 66/74

Moi je pousse jusqu'en 76 ! (67/76 ça fait dix ans juste!)

Revpop a écrit :Sans rire, ton avatar te trahirait-il pas ?

Je suis venu prêcher la Bonne Parole

Revpop a écrit :

Old Mod a écrit :sûrement parce que c'est de 73 et donc plus dans ma période de prédilection, en gros 66/74

Moi je pousse jusqu'en 76 ! (67/76 ça fait dix ans juste!)

Et j'ai encore réduit entre temps, magie de l'édit !

7 ans, déjà beaucoup de choses à écouter et à acheter, surtout si on ne se limite pas à soul-funk.

Et dans ces derniers genres, ce qui me gêne le plus souvent après la période charnière que je situe vers 74/75, c'est le passage "Black Power >>> Pimp", de la conscience politique au bling-bling. C'est très schématique et réducteur je le reconnais, mais je le perçois ainsi. Une histoire de son aussi, et d'arrangements. SI j'osais, je me limiterais à 1971/72, tous genres confondus, quasiment que du bon et en pagaille ces années-là

Et puis, je ne suis pas très dancefloor pour tout dire, et de moins en moins