FUNK-O-LOGY

Sorti au milieu des années 90, "Cool And Steady And Easy", premier album du collectif Broolyn Funk Essentials, est souvent cité à raison comme l'un des albums les plus créatifs du mouvement Acid Jazz.
Patchwork coloré aux multiples influences bebop, funk et boogaloo, surfant tour à tour entre intermèdes bluesy nostalgiques si chers au Duke (Take The L Train), hits dancefloor infectieux (The Creator Has A Master Plan), beats latinos (Big Apple Boogaloo), ragga cosmique déjanté (A Heanaddas Journey To The Planet Adidi-Skizm) et gros breaks jazz funkys (Bop Hop, Blow Your Brains Out), ce disque hors norme qui nous entraîne en plein coeur des quartiers populaires de New York, bénéficie de la présence de Maceo Parker et de musiciens du combo Groove Collective.
Cet opus est disponible avec deux pochettes différentes :
- l'album original avec la couverture au lettrage vert est daté de 1994.
- l'album avec la pochette orange, sorti l'année suivante, propose de nouveaux mixages plus aboutis (avec inclusion de nouvelles lignes de clavier, vocaux de Yancy Drew...) sur les titres "Bop Hop", "Brooklyn Recycles", "Big Apple Boogaloo", ainsi qu'une refonte complète du morceau "Madame Zzaj", devenu pour l'occasion "Mizz Bed-Stuy".
The Creator Has A Master Plan :

Trois ans plus tard, Brooklyn Funk Essentials récidive avec l'étonnant et très sous estimé "In The BuzzBag", enregistré avec le groupe turc Laço Tayfa.
Le street sound new yorkais sexpatrie ici aux portes de l'orient pour nous offrir le plus improbable des périples urbains au coeur de la mégapole Istanbul. Un disque world funk unique en son genre qui place alors les audacieux Brooklyn Funk Essentials dans la catégorie des groupes les plus novateurs et les plus originaux de l'époque.
On notera que cet album est disponible sous deux pochettes différentes, proposant exactement le même contenu.
Istanbul Twilight :

Trois ans s'écoulent à nouveau avant la sortie de "Make Them Like It", troisième album du collectif. Le groupe a t-il été échaudé par le succès commercial très relatif de sa précédente galette ? Toujours est-il que nos musiciens reviennent maintenant vers le son qui avait fait le succès de leur premier disque, avec malheureusement l'effet de surprise en moins.
Le phrasé rap flegmatique de "Date With Baby" ou "I Got Cash" évoquent ainsi avec peut être un peu trop d'évidence le précédent "Dilly Dally", tandis que le brulot instrumental "Make Them Like It" s'inscrit dans la droite lignée des "Bop Hop" et autres "Brooklyn Recycles" d'antan. Et que dire du sautillant "Kick It", du rasta funk "Jump Around Sound", de l'hispanisant "Mambo Con Dancehall", du soul mélancolique "Martha" ou encore du lancinant "Vinyl Crisis", autant de titres qui auraient pu sortir des sessions d'enregistrements de "Cool Steady & Easy".
Avec son petit air de déjà entendu, cet album, de surcroit très bien produit, à défaut de renouvellement, semble donc avoir été conçu pour rassurer les fans de la première heure.

Dernier album du groupe, sorti en 2009, ce Watcha Playin' se révèle une déception en tout point.
Encore une fois très bien produit, ce disque souffre d'un manque d'inspiration au niveau des compositions qui sentent une fois de plus le réchauffé. Au fil des ans Brooklyn Funk Essentials a ainsi trouvé son identitée mais s'est confortablement installé dans ses chaussons, alors qu'une totale remise en question était plutôt attendue après le succès mitigé de leur troisième album.

On notera que les cuivres jazzys si caractéristiques du groupe ont complètement disparu au profit de gros beats bien gras particulièrement envahissants. Contre toute attente le groupe semble désormais vénérer les grosses boîtes à rythmes et les programmations "sound machine" artificielles.

Dès la première écoute, le tube bien commercial Dance-Free Night, titre presque trop évident, s'impose d'emblée face aux mélodies crétines et agaçantes que sont "Belly Buttons T&A" ou "Dibby Dibby Sound" une insupportable reprise de Mozart en ragga. Les mélopées mélancoliques "reggaéisantes" de ce disque se veulent ici souvent soporifiques, difficile de ne pas zapper par exemple sur "For A Few Dollars More", en se demandant où est passé le Brooklyn Funk Essentials des débuts.
Qu'est t-il advenu de ce cette formation jadis inspirée, qui n'avait pas peur de se mettre en danger, en se lançant dans des expérimentations et fusions riches et variées ?

Attendu au virage pour son prochain album, le groupe devra sérieusement redresser la barre...

Dance Free Night en version live :

Les 2 premiers albums sont les meilleurs effectivement.

Sur "Make Them Like It" quelques titres sortent du lot mais sans plus.
Le 4 est une grosse déception dommage car sur scène ils répondent présent.

A voir si ils passent vers chez vous.

je me suis arrêté au premier album

ça m'agace les groupes qui mettent "funk" dans leur nom pour jouer ensuite autre chose qui n'a plus trop rien à voir

mais je vais me pencher sur leur deuxième disque

+1 Funkiness... J'ai le 1er mais j'ai largement décroché depuis...

je ne suis pas trop d'accord pour dire que le quatrième album est une déception.

En fait, il m'a fallu plusieurs écoutes pour le digérer et je dois avouer qu'aujourd'hui je le trouve plutôt sympa. Pas au niveau des 3 premiers mais quand même plus qu'écoutable

Voici The day before Adidi qui clos l'album et je trouve ce morceau vraiment excellent sur un Dance floor. ça bouge sans problème.



En fait, ce qui faisait la richesse de Brooklyn Funk essentials sur les deux premiers albums (car ceux qui apprécient le premier album se doivent d'écouter le deuxième album), c'étaient qu'ils fonctionnaient en tant que collectif et non Groupe. Du coup, les univers étaient riches, les influences diverses mais c'est ce qui donnait ce son. Depuis le troisième album, Brooklyn Funk Essentials fonctionne à la manière d'un groupe avec les mêmes membres (logique) ce qui fait que le son et les influences tournent un peu plus en rond. reste un groupe plus que sympa à voir sur scène.

La preuve avec la cloture du festival de Carhaix (les vieilles charrues en 2001) avec Stefanie McKay qui tournaient avec eux à l'époque

Ah je me souviens la première fois que je les ai entendu dans les 90's. Alors à l'époque j'étais fan, mais à la réécoute je trouve que cela a beaucoup vieilli, un peu comme toutes les prods des 90's d'ailleurs. De plus on est dans la lignée des Incognito, De La Soul etc et dans cette veine il y a eu mieux quand même...

J'aime beaucoup "In The Buzzbag", cet album est vraiment un ovni avec sa fusion funk New-yorkais - musique turque.

Si le troisième album présente deux- trois titres sympas, ça reste un album très moyen. Quant au dernier en date il n'a pas dépassé une écoute sur la borne FNAC

D'autant que peu de temps auparavant j'ai fait la douloureuse expérience d'un live en compagnie de Funkygirl ou le groupe a joué une espèce de ragga électronique insupportable "zéro funk inside", la scène étant pleine de Mac en guise d'instruments . Sincèrement je me demande encore comment nous sommes restés jusqu'au bout

Pour le plaisir de revoir le sourire d'Hanifah Walidah, présence scénique hors norme dont l'énergie a porté le groupe en concert pendant des années.

Brooklyn Funk Essentials 'Set It Off'

kata a écrit : ↑03 juin 2021 00:45 Pour le plaisir de revoir le sourire d'Hanifah Walidah, présence scénique hors norme

1000% d'accord avec toi. Il faut la voir en live, une pile électrique bondissante, J'ADORE!!!