Herbie Hancock - Head Hunters
Posté : 11 mai 2011 18:21
Herbie Hancock - Head Hunters (Columbia – KC 32731, 1973)
Titres
A1. Chameleon
(Paul Jackson, Harvey Mason, Bennie Maupin, Herbie Hancock)
A2. Watermelon Man
(Herbie Hancock, arrangements Harvey Mason)
B1. Sly
(Herbie Hancock)
B2. Vein Melter
(Herbie Hancock)
Crédits
Herbie Hancock : synthétiseurs [Arp Odyssey, Arp Soloist], piano électrique, clavinet [Hohner D 6], pipe [Pipes]
Bill Summers : congas, shekere, xylophone [balafon], agogô, cabasa, whistle [hindewho], tambourine, batterie [Log Drum], surdo, bells [gankoqui], percussions [bouteille de bière]
Harvey Mason : batterie [Yamaha]
Paul Jackson : marimbula, basse
Bennie Maupin : saxophone soprano, ténor, saxello, clarinette basse, flûte [alto]
Producteurs : David Rubinson, Herbie Hancock
Je me souviens encore du jour de la découverte de cet album, une journée de lycée, pluvieuse, de 1998 (picardie style oblige
) quelle claque ! Le disque m'a parlé tout de suite, je pense que le timing était parfait, je me souviens penser : "c'est ÇA qu'il me faut, c'est CE son, CES envolées, CE groove!" (merci éternel au camarade de classe).
Résultat : virus hancockien inoculé instantanément dans tout l'organisme avec pour effet secondaire, une progression toujours plus importante de cette pathologie qu'est le groove. Du coup, tout ou presque se rattachant à Herbie ou à ses Headhunters a une saveur particulière chez moi, m'ayant fait passer de sonorités rock à tout le reste mais aussi m'ayant donné envie de pratiquer la musique, d'y attacher encore plus d'importance que je n'y attachais etc... une révélation en somme.
Si la version vinyle apporte peu d'infos, les liner notes de la réédition CD de 1997 : (Columbia/Legacy CK 65123) compensent un peu notamment avec ce que dit Hancock en décembre 1996 au sujet de l'album.
Arrivé là où il le voulait avec ses projets précédents (Mwandishi, Crossings, Sextant) : dans des contrées "space" et il en avait assez, Herbie ne voulait plus jouer ce qu'il avait déjà joué et sans savoir quoi jouer, il sentit qu'il lui fallait revenir à quelque chose de plus terrestre, de moins éthéré. Il pensa alors à Sly Stone et à sa musique qu'il appréciait beaucoup, notamment à Thank You For Letting Be Myself qu'il écouta tellement qu'il se vit dans le groupe de Sly jouant un truc funky dans le genre puis vit son groupe à lui, jouer un truc dans la direction musicale que Sly traçait. Inconsciemment il rejeta l'idée et compris qu'il la rejeta à cause de ce qu'il déteste pourtant chez nombre de jazzmen : mettre le jazz sur un piédestal et tout le reste à un niveau secondaire, ne valant pas grand-chose. Il s'est demandé ce qu'il faisait et s'est posé la question de savoir s'il aimerait avoir un groupe funky qui jouerait le genre de musique jouée par Sly Stone ou quelqu'un comme ça... La réponse on la connaît tous...
Appréciant donc beaucoup la musique de Sly Stone à qui il dédie le titre Sly sur l'album, Herbie Hancock s'entoure de fantastiques techniciens grooveurs en gardant Bennie Maupin de sa précédente formation pour cet album enregistré aux Wally Heider Studios de San Francisco. Sont présents sur ce projet le percussionniste Bill Summers qui, avec ses connaissances ethnomusicologiques centrées sur l'Afrique, n'hésite pas à utiliser tout son panel de percussions, la section rythmique étant confiée au batteur Harvey Mason (recommandé pour tout ce qui est rock/funk par Billy Hart, batteur du Mwandishi band) et au bassiste Paul Jackson (suggéré puisque jouant aussi bien du jazz que du funk, par David Rubinson, manager et producteur) qui délivrent un groove impeccable et implacable.
Pas de guitare? Non, pas de guitare. À l'époque où les guitares électriques hurlaient partout, Herbie opta pour le Clavinet, estimant qu'en le jouant rythmiquement il n'aurait pas besoin de guitare. Et cette absence de guitare est aussi je trouve, une des forces de cet album.
En collaboration avec le producteur David Rubinson qui le suit et le suivra pour une dizaine d'années encore, Herbie Hancock signe avec ses Headhunters un album magistral au succès commercial très important dès sa sortie et encore aujourd'hui, au vu des rééditions qui tombent chaque année. En bref, un classique!
4 tracks, 4 tueries et 40 minutes de bonheur intense. L'album s'ouvre sur Chameleon qui n'est plus à présenter ; un des titres phares lorsqu'on évoque Herbie Hancock. Tout part de la première ligne de basse, jouée par Herbie à l'Arp Odyssey et redondante à souhait. La batterie entre simplement et efficacement, grâce aux notes et ghost notes distillées ici et là Harvey Mason triture son plan batterie sans en faire trop, le maintenant en effervescence et gardant toujours à l'esprit le "straight ahead" nécessaire à la continuité et à l'élaboration du morceau. Les claviers omniprésents présentent chacun un super riff pris indépendamment et se mélangent parfaitement. Ce qui pourrait être qualifié de "refrain", de "break" ou du moins la fin de partie du plan, là où Bennie Maupin voit sa mélodie doublée par Herbie, respire la fraîcheur. C'est alors que Herbie Hancock part dans un solo d'oiseaux (vous trouvez pas que ça fait un peu oiseau virevoltant dans les airs ?
bon ok je sors), un solo pas des plus impressionnants mais une belle montée en intensité avec des moments suspendus, jusqu'au "refrain-break" où la drum s'agite pour appuyer le tout. On arrive à la moitié du morceau et surtout au second plan du morceau, radicalement différent du premier. Là encore... grosse basse (complexe et groovy comme à l'accoutumée), grosse drum (déplacements d'accents excellents), gros rythme dansant mais aussi relaxant par ce Rhodes et les autres claviers par intermittence dans le fond, un mélange d'excitation et de calme, ça frissonne ça émeut mais... euh... c'est bon, la vache! Surviennent alors quelques breaks regroupés en peu de temps, amorçant la fin du voyage qui se termine sur le plan initial pour les 2 dernières minutes du morceau. Et après ça?! Qu'est-ce qu'ils vont nous faire?!
Après ça, les chasseurs de tête nous jouent Watermelon Man, une refonte du morceau tubesque du même nom sorti sur le premier album leader de Herbie (Takin' Off, Blue Note 1962 et magnifique, au demeurant). Refonte proposée et pensée par Harvey Mason hormis l'intro, étant une idée du percussionniste basée sur la musique Pygmée. D'ailleurs, qui n'a pas en tête cette intro jouée avec une bouteille de bière, un sifflet et des cris? Paul Jackson et Harvey Mason s'installent confortablement, Herbie Hancock peut alors envoyer ses riffs et son Rhodes, quant à Bennie Maupin il se charge d'apporter consistance à la sauce avec sa mélodie suave et enchanteresse. Watermelon Man reste aussi comme Chameleon, un morceau très souvent repris (dans sa version 1962) et aussi souvent samplé (dans sa version 1973).
La seconde face contient les 2 autres morceaux, Sly et Vein Melter.
Sly est indescriptible, ça commence par des breaks ça continue par des breaks et ça finit par des breaks
Sérieusement ce morceau est complètement dément. Ça bouillonne fort, Harvey Mason et Bennie Maupin en tête ! Puis c'est au tour de Herbie d'effectuer un solo tonitruant et interminable sur lequel la batterie ne perd pas une miette, réactive à tout éventuel changement de direction. Ce morceau est vraiment dense mais à l'inverse des 3 autres, je ne peux pas l'écouter n'importe quand/comment pour pleinement l'apprécier.
L'album se termine sur Vein Melter dont la signification m'échappe s'il y a, si quelqu'un a une idée ?
Encore un motif batterie peu conventionnel pour le jouer tout le long d'un morceau, une basse tout autant amazing mais on commence à s'habituer, c'est sa marque de fabrique. Il n'y a plus qu'à admirer le joli travail des nappes et du reste de Herbie ainsi que celui de Maupin. Vein Melter, une ode à la relaxation? Une plénitude envahit le corps et l'esprit lorsqu'on écoute ce titre.
Head Hunters est donc le premier essai transformé de l'exploration de la sphère funk par Herbie Hancock et, restera comme l'un des chefs d’œuvre intemporels de la musique qui inspirera des générations de musiciens, tous genres confondus.

A1. Chameleon
(Paul Jackson, Harvey Mason, Bennie Maupin, Herbie Hancock)
A2. Watermelon Man
(Herbie Hancock, arrangements Harvey Mason)
B1. Sly
(Herbie Hancock)
B2. Vein Melter
(Herbie Hancock)
Crédits
Herbie Hancock : synthétiseurs [Arp Odyssey, Arp Soloist], piano électrique, clavinet [Hohner D 6], pipe [Pipes]
Bill Summers : congas, shekere, xylophone [balafon], agogô, cabasa, whistle [hindewho], tambourine, batterie [Log Drum], surdo, bells [gankoqui], percussions [bouteille de bière]
Harvey Mason : batterie [Yamaha]
Paul Jackson : marimbula, basse
Bennie Maupin : saxophone soprano, ténor, saxello, clarinette basse, flûte [alto]
Producteurs : David Rubinson, Herbie Hancock
Je me souviens encore du jour de la découverte de cet album, une journée de lycée, pluvieuse, de 1998 (picardie style oblige

Résultat : virus hancockien inoculé instantanément dans tout l'organisme avec pour effet secondaire, une progression toujours plus importante de cette pathologie qu'est le groove. Du coup, tout ou presque se rattachant à Herbie ou à ses Headhunters a une saveur particulière chez moi, m'ayant fait passer de sonorités rock à tout le reste mais aussi m'ayant donné envie de pratiquer la musique, d'y attacher encore plus d'importance que je n'y attachais etc... une révélation en somme.
Si la version vinyle apporte peu d'infos, les liner notes de la réédition CD de 1997 : (Columbia/Legacy CK 65123) compensent un peu notamment avec ce que dit Hancock en décembre 1996 au sujet de l'album.
Arrivé là où il le voulait avec ses projets précédents (Mwandishi, Crossings, Sextant) : dans des contrées "space" et il en avait assez, Herbie ne voulait plus jouer ce qu'il avait déjà joué et sans savoir quoi jouer, il sentit qu'il lui fallait revenir à quelque chose de plus terrestre, de moins éthéré. Il pensa alors à Sly Stone et à sa musique qu'il appréciait beaucoup, notamment à Thank You For Letting Be Myself qu'il écouta tellement qu'il se vit dans le groupe de Sly jouant un truc funky dans le genre puis vit son groupe à lui, jouer un truc dans la direction musicale que Sly traçait. Inconsciemment il rejeta l'idée et compris qu'il la rejeta à cause de ce qu'il déteste pourtant chez nombre de jazzmen : mettre le jazz sur un piédestal et tout le reste à un niveau secondaire, ne valant pas grand-chose. Il s'est demandé ce qu'il faisait et s'est posé la question de savoir s'il aimerait avoir un groupe funky qui jouerait le genre de musique jouée par Sly Stone ou quelqu'un comme ça... La réponse on la connaît tous...
Appréciant donc beaucoup la musique de Sly Stone à qui il dédie le titre Sly sur l'album, Herbie Hancock s'entoure de fantastiques techniciens grooveurs en gardant Bennie Maupin de sa précédente formation pour cet album enregistré aux Wally Heider Studios de San Francisco. Sont présents sur ce projet le percussionniste Bill Summers qui, avec ses connaissances ethnomusicologiques centrées sur l'Afrique, n'hésite pas à utiliser tout son panel de percussions, la section rythmique étant confiée au batteur Harvey Mason (recommandé pour tout ce qui est rock/funk par Billy Hart, batteur du Mwandishi band) et au bassiste Paul Jackson (suggéré puisque jouant aussi bien du jazz que du funk, par David Rubinson, manager et producteur) qui délivrent un groove impeccable et implacable.
Pas de guitare? Non, pas de guitare. À l'époque où les guitares électriques hurlaient partout, Herbie opta pour le Clavinet, estimant qu'en le jouant rythmiquement il n'aurait pas besoin de guitare. Et cette absence de guitare est aussi je trouve, une des forces de cet album.
En collaboration avec le producteur David Rubinson qui le suit et le suivra pour une dizaine d'années encore, Herbie Hancock signe avec ses Headhunters un album magistral au succès commercial très important dès sa sortie et encore aujourd'hui, au vu des rééditions qui tombent chaque année. En bref, un classique!


Après ça, les chasseurs de tête nous jouent Watermelon Man, une refonte du morceau tubesque du même nom sorti sur le premier album leader de Herbie (Takin' Off, Blue Note 1962 et magnifique, au demeurant). Refonte proposée et pensée par Harvey Mason hormis l'intro, étant une idée du percussionniste basée sur la musique Pygmée. D'ailleurs, qui n'a pas en tête cette intro jouée avec une bouteille de bière, un sifflet et des cris? Paul Jackson et Harvey Mason s'installent confortablement, Herbie Hancock peut alors envoyer ses riffs et son Rhodes, quant à Bennie Maupin il se charge d'apporter consistance à la sauce avec sa mélodie suave et enchanteresse. Watermelon Man reste aussi comme Chameleon, un morceau très souvent repris (dans sa version 1962) et aussi souvent samplé (dans sa version 1973).
La seconde face contient les 2 autres morceaux, Sly et Vein Melter.
Sly est indescriptible, ça commence par des breaks ça continue par des breaks et ça finit par des breaks

L'album se termine sur Vein Melter dont la signification m'échappe s'il y a, si quelqu'un a une idée ?
Encore un motif batterie peu conventionnel pour le jouer tout le long d'un morceau, une basse tout autant amazing mais on commence à s'habituer, c'est sa marque de fabrique. Il n'y a plus qu'à admirer le joli travail des nappes et du reste de Herbie ainsi que celui de Maupin. Vein Melter, une ode à la relaxation? Une plénitude envahit le corps et l'esprit lorsqu'on écoute ce titre.
Head Hunters est donc le premier essai transformé de l'exploration de la sphère funk par Herbie Hancock et, restera comme l'un des chefs d’œuvre intemporels de la musique qui inspirera des générations de musiciens, tous genres confondus.
