Townsend, Townsend, Townsend & Rogers - S/T
Posté : 08 nov. 2011 00:22
LE PATRIARCHE SOUL SAUVÉ DU DÉLUGE PAR SES TROIS FILS
Townsend, Townsend, Townsend & Rogers - S/T (Chocolate City CCLP 2007, 1979)
Titres
A1 Wondering 4:24
(E. Townsend, V. Fisher)
A2 Rock Me Sock Me 3:15
(D. Rogers, L. Crawford, N. Johnson)
A3 Bring It Down To The Real 4:38
(D. Rogers, E. Townsend)
A4 True Love (Is A Terrible Thing To Waste) 4:08
(E. Townsend)
A5 It's A Pleasure To Have Loved You 3:31
(E. Townsend)
B1 Playground 4:24
(D. Rogers)
B2 You Can 4:23
(C. Giudice, E. Townsend)
B3 It's Too Late To Be Nice To Her Now 6:41
(E. Townsend)
B4 It's You 5:05
(D. Rogers)
Crédits
Ed Townsend : Chant principal (#1, 4, 5, 7, 8, 9), claviers, chef d'orchestre, arrangeur
Michael Townsend : Chant principal (#2, 3, 6), claviers
David Townsend : guitare, claviers
David Rogers : guitare, claviers
Nathaniel G. Johnson : basse
Lester Crawford : batterie
Anthony Johnson : claviers
Larry Conley : saxophone ténor, Chant principal (#2)
Sonny Simmons : saxophone alto
Barbara Simmons : trompette
Arrangements : Rene Hall
Producteur : Ed Townsend
-"Tiens voilà mes sales gosses !"
C'est ainsi qu'Ed Townsend accueillit ses trois fils sur son lit d'hôpital.
Il était en sévère cure de désintoxication pour drogues dures et alcools forts dans une clinique très select de l'Oregon sise dans un ancien cloître entouré d'une double colonnade sur chacun de ses cotés dont l'un était prolongé par un mur en briques rouges qui séparait un immense parc aux allées de pierres serpentantes d'un asile de fous d'où provenaient, certains soirs pluvieux et par vent d'est, des cris stressants et des borborygmes étranges qui fusaient, se faufilaient par la fenêtre au voilage voletant et qui finissaient par effleurer le visage inexpressif d'Ed Townsend, les yeux rivés dans le vide, la main molle collée à sa citronnade.
Michael et les deux David - pour quelles raisons mystérieuses avoir appelé du même prénom deux de ses fils ? - annoncèrent l'arrivée dans les bacs de l'album "Townsend, Townsend, Townsend & Rogers", et comme l'indiquait son titre, il fut enregistré par tous les fils avec et en l'honneur de leur père, un concile familial et musical présidé par Ed T. en personne qui chanta, arrangea, produisit et écrivit la plupart des chansons.
Ils apportèrent un exemplaire et un pick up. Ed T., d'un signe de la tête, refusa tout d'abord de l'écouter; L'enregistrement dans les studios "Marvin Gaye" à Los Angeles ne lui avait laissé que des mauvais souvenirs : le studio avait fermé juste après, les démolitions autour commençaient, pendant ce temps là Marvin G. s'était enfui aux îles Hawaii avec une tentative de suicide à la clef ( "Marvin ingested an ounce of pure cocaine").
-"Fistons, vous savez, les gens qui vont mal, les gens qui sont dans le trou, plus aucun espoir, eh bien y vont voir tonton Ed... et moi je leur offre le remède qui va bien et la gloire en plus, c'est vrai ! ?"
S'écria-t-il.
-"Demandez à Marvin, demandez aux Impressions... Quand Fred et Sam m'ont appelé, ils étaient complètement perdus, lâchés par un Curtis parti, puis par un Leroy disparu comme le vicelard qu'il était; j'ai dit pas de problème avec tonton Ed et je leur ai fourgué ma meilleure came "Finally Got Myself Together", N°1 dans les charts, c'est vrai ! ?"
-"P'pa, alors on sera tous n°1 " clamèrent ensemble les trois fils.
Et le premier morceau "Wondering" passa, subrepticement, sous le diamant.
-"Stop, passez au suivant, ça m'est trop pénible ..."
Alors, sur les ordres du patriarche, la pointe du diamant se mit sur le premier sillon du boogie "Rock Me Sock Me".
-"Sans vouloir vous offenser, les fistons, c'était un morceau pour Michael Jackson, et ce que j'entends là c'est plat ". Il sourit puis fronça ses sourcils broussailleux.
-"Merde ! Pourquoi Michael n'est pas venu toquer à ma porte, au lieu de cela j'apprends que ce puceau est en ménage avec cette vieille tantouze de Quincy Jones, ce gominé jazzeux qui n'est bon qu'à pondre des comédies musicales pour gosses attardés et débiles, le magicien d'Oz c'est n'importe quoi ! "
-"P'pa, t'es plus vieux que lui" affirma l'un des deux David.
-"Ouaip, t'es sûr ?, mais Q n'est pas et ne sera jamais un funky man comme moi, c'est vrai !?"
Silence.
-"Bon arrêtez, basta; c'est à chier..." De nouveau un silence dans la chambre, le regard hagard, quelques souvenirs vaporeux s'agrippèrent à son cerveau diminué.
-"Où sont-elles passées mes lovely songs ?" supplia Ed T. "Où sont-elles passées mes petites douceurs ?"
-"P'pa, elles arrivent, tout doux, c'est la prochaine..." chuchota l'un des trois fils.
Et dès les premières notes, dès les premiers piaillements de "Bring It Down To The Real" un sourire large irradia son visage, le groove lui serra le cœur pris dans une constellation de sons échappés d'une harpe magique, les yeux mouillés et bercés par la voix juvénile et gracile de son fils Michael et sa main fébrile s'éleva et dessina dans l'air la mélodie... Tout en claquant des doigts.
Ce fut comme l'un de ses plus beaux shoots. Sa tête soudainement se renversa, la salive s'écoula à la commissure des lèvres, les yeux ronds comme des trous noirs, les songes de velours s'échappant de son cerveau enfumé...
Michael T. arrêta aussitôt le tourne disque, remonta le drap blanc immaculé à hauteur de son visage radieux et les trois fils embrassèrent leur père sur son front dégarni avant de partir.
Le lendemain. "Tiens voilà mes p’tits voyous ! "
-"Vous apportez l'album ? ", s'impatienta Ed T. "Vous n'avez pas oublié hein ?"
"Ah mes lovely songs, oh mes petites douceurs...".
"True Love (Is A Terrible Thing To Waste)" : une lamentation sur une basse chaloupée, et ces voix qui se cherchent, qui tissent un fil de soie, les chants orphiques et la voix rauque du maître nouant un noeud à la mélodie, les cuivres rouges comme une fleur épanouie, les violons errants sur les plaines rougeoyantes... Près des coeurs fragiles.
"Ah mes lovely songs , oh mes petites douceurs ..."
"It’s A Pleasure To Have Loved You" : la harpe n'en finit pas d'ensorceler, elle illumine ce pauvre lit d'hôpital de son plus beau feu d'artifice, le rythme mutin badine avec les voix qui pleurent de plaisir, le saxo tournoie ivre de désir...
"Ah mes lovely songs, oh mes petites douceurs ..."
"Playground" : une guitare breezy laisse la voix enfantine de Michael T. s'envoler dans les airs, tel un ballon bleu ciel, soulevée par des cordes amicales et un soprano automnal sous lequel des vocalises tombent comme des feuilles mortes.
"Ah mes lovely songs , oh mes petites douceurs ..."
"You Can" : sur un rythme légèrement jazzy à la Ahmad Jamal (COMPLETE LIVE AT THE PERSHING LOUNGE 1958), on peut entendre la voix voilée des hommes qui ont vécu des éternités, on peut entendre les violons qui sèment leurs graines de tristesse et une voix qui nous décoche des flèches en plein coeur. Transpercés nous sommes.
"Ah mes lovely songs, oh mes petites douceurs ..."
"It’s Too Late To Be Nice To Her Now " : les yeux mouillés, "il est trop tard...", la voix caresse les choeurs chavirent, "il est trop tard ...", le rythme se fait haletant, la guitare devient hautaine, la basse pèse de tout son poids mais "il est trop tard..." les cris ne peuvent rien y faire, les plus belles harmonies sont impuissantes, "il est trop tard ..." : le temps est inarrêtable, c'est une marche vers la fin...
Et Ed Townsend replongea dans ses songes aux lacs mystérieux et aux forêts profondes de l'Oregon, il ne put écouter le dernier morceau "It's You" qui ne figurait pas, de toute façon, dans ses "lovely songs".
Une explosion le réveilla en sursaut dans la nuit. Il entraperçut des feux follets jaune blanc bleu zigzagant au dessus de l'immense parc tels des esprits malins aux hululements stridents, ce qui le fit frissonner de tout son être et il ferma la fenêtre. Dans la chambre, tout devint feutré, le voilage gomma l'éclat des feux, le choc furieux des battements du pouls sur sa tempe lui fit penser que son cerveau allait exploser. Quelques bruits provenant du couloir le rassurèrent, enfin de l'aide des soignants, il se précipita, ouvrit la porte et ce fut la vision d'un chaos indescriptible.
Il y avait là des grappes de malades, des fous agglutinés dans les étroits couloirs de la mort, recroquevillés sur eux-mêmes, comme pourris de l'intérieur par la peur;
Il y avait là des torches humaines vivantes et vociférantes qui gesticulaient à s'en désarticuler, qui hurlaient comme si le monde s'écroulait...
Ed T. referma aussitôt la porte, courut vers la fenêtre, l'ouvrit et mit sa tête dehors quand un bras immense de bûcheron le happa et le hissa hors de la chambre.
"Ed, tu m'entends, chante nous une de tes lovely songs pour ce monde fou fou fou ! " lui cria à l'oreille le chef Bromden, The Big Indian échappé de "Vol au dessus d'un nid de coucou".
On pouvait voir sous les hautes colonnades du cloître l'immense carrure du Géant Indien et son ombre gigantesque traversant tout le parc, avec un nain sur ses épaules éclairé par la lune, l'ami Ed T. chantant
à pleine voix, s'époumonant sur "Bring It Down Do The Real"...
Note: 5 stars/6
(Merci à Bluesy pour cette découverte).
Chef Bromden :
Extraits :
Bring It Down To The Real (extrait)
True Love (Is A Terrible Thing To Waste) :
It’s A Pleasure To Have Loved You:
Playground:
You Can:
Rock Me Sock Me:
Townsend, Townsend, Townsend & Rogers - S/T (Chocolate City CCLP 2007, 1979)
Titres
A1 Wondering 4:24
(E. Townsend, V. Fisher)
A2 Rock Me Sock Me 3:15
(D. Rogers, L. Crawford, N. Johnson)
A3 Bring It Down To The Real 4:38
(D. Rogers, E. Townsend)
A4 True Love (Is A Terrible Thing To Waste) 4:08
(E. Townsend)
A5 It's A Pleasure To Have Loved You 3:31
(E. Townsend)
B1 Playground 4:24
(D. Rogers)
B2 You Can 4:23
(C. Giudice, E. Townsend)
B3 It's Too Late To Be Nice To Her Now 6:41
(E. Townsend)
B4 It's You 5:05
(D. Rogers)
Crédits
Ed Townsend : Chant principal (#1, 4, 5, 7, 8, 9), claviers, chef d'orchestre, arrangeur
Michael Townsend : Chant principal (#2, 3, 6), claviers
David Townsend : guitare, claviers
David Rogers : guitare, claviers
Nathaniel G. Johnson : basse
Lester Crawford : batterie
Anthony Johnson : claviers
Larry Conley : saxophone ténor, Chant principal (#2)
Sonny Simmons : saxophone alto
Barbara Simmons : trompette
Arrangements : Rene Hall
Producteur : Ed Townsend
-"Tiens voilà mes sales gosses !"
C'est ainsi qu'Ed Townsend accueillit ses trois fils sur son lit d'hôpital.
Il était en sévère cure de désintoxication pour drogues dures et alcools forts dans une clinique très select de l'Oregon sise dans un ancien cloître entouré d'une double colonnade sur chacun de ses cotés dont l'un était prolongé par un mur en briques rouges qui séparait un immense parc aux allées de pierres serpentantes d'un asile de fous d'où provenaient, certains soirs pluvieux et par vent d'est, des cris stressants et des borborygmes étranges qui fusaient, se faufilaient par la fenêtre au voilage voletant et qui finissaient par effleurer le visage inexpressif d'Ed Townsend, les yeux rivés dans le vide, la main molle collée à sa citronnade.
Michael et les deux David - pour quelles raisons mystérieuses avoir appelé du même prénom deux de ses fils ? - annoncèrent l'arrivée dans les bacs de l'album "Townsend, Townsend, Townsend & Rogers", et comme l'indiquait son titre, il fut enregistré par tous les fils avec et en l'honneur de leur père, un concile familial et musical présidé par Ed T. en personne qui chanta, arrangea, produisit et écrivit la plupart des chansons.
Ils apportèrent un exemplaire et un pick up. Ed T., d'un signe de la tête, refusa tout d'abord de l'écouter; L'enregistrement dans les studios "Marvin Gaye" à Los Angeles ne lui avait laissé que des mauvais souvenirs : le studio avait fermé juste après, les démolitions autour commençaient, pendant ce temps là Marvin G. s'était enfui aux îles Hawaii avec une tentative de suicide à la clef ( "Marvin ingested an ounce of pure cocaine").
-"Fistons, vous savez, les gens qui vont mal, les gens qui sont dans le trou, plus aucun espoir, eh bien y vont voir tonton Ed... et moi je leur offre le remède qui va bien et la gloire en plus, c'est vrai ! ?"
S'écria-t-il.
-"Demandez à Marvin, demandez aux Impressions... Quand Fred et Sam m'ont appelé, ils étaient complètement perdus, lâchés par un Curtis parti, puis par un Leroy disparu comme le vicelard qu'il était; j'ai dit pas de problème avec tonton Ed et je leur ai fourgué ma meilleure came "Finally Got Myself Together", N°1 dans les charts, c'est vrai ! ?"
-"P'pa, alors on sera tous n°1 " clamèrent ensemble les trois fils.
Et le premier morceau "Wondering" passa, subrepticement, sous le diamant.
-"Stop, passez au suivant, ça m'est trop pénible ..."
Alors, sur les ordres du patriarche, la pointe du diamant se mit sur le premier sillon du boogie "Rock Me Sock Me".
-"Sans vouloir vous offenser, les fistons, c'était un morceau pour Michael Jackson, et ce que j'entends là c'est plat ". Il sourit puis fronça ses sourcils broussailleux.
-"Merde ! Pourquoi Michael n'est pas venu toquer à ma porte, au lieu de cela j'apprends que ce puceau est en ménage avec cette vieille tantouze de Quincy Jones, ce gominé jazzeux qui n'est bon qu'à pondre des comédies musicales pour gosses attardés et débiles, le magicien d'Oz c'est n'importe quoi ! "
-"P'pa, t'es plus vieux que lui" affirma l'un des deux David.
-"Ouaip, t'es sûr ?, mais Q n'est pas et ne sera jamais un funky man comme moi, c'est vrai !?"
Silence.
-"Bon arrêtez, basta; c'est à chier..." De nouveau un silence dans la chambre, le regard hagard, quelques souvenirs vaporeux s'agrippèrent à son cerveau diminué.
-"Où sont-elles passées mes lovely songs ?" supplia Ed T. "Où sont-elles passées mes petites douceurs ?"
-"P'pa, elles arrivent, tout doux, c'est la prochaine..." chuchota l'un des trois fils.
Et dès les premières notes, dès les premiers piaillements de "Bring It Down To The Real" un sourire large irradia son visage, le groove lui serra le cœur pris dans une constellation de sons échappés d'une harpe magique, les yeux mouillés et bercés par la voix juvénile et gracile de son fils Michael et sa main fébrile s'éleva et dessina dans l'air la mélodie... Tout en claquant des doigts.
Ce fut comme l'un de ses plus beaux shoots. Sa tête soudainement se renversa, la salive s'écoula à la commissure des lèvres, les yeux ronds comme des trous noirs, les songes de velours s'échappant de son cerveau enfumé...
Michael T. arrêta aussitôt le tourne disque, remonta le drap blanc immaculé à hauteur de son visage radieux et les trois fils embrassèrent leur père sur son front dégarni avant de partir.
Le lendemain. "Tiens voilà mes p’tits voyous ! "
-"Vous apportez l'album ? ", s'impatienta Ed T. "Vous n'avez pas oublié hein ?"
"Ah mes lovely songs, oh mes petites douceurs...".
"True Love (Is A Terrible Thing To Waste)" : une lamentation sur une basse chaloupée, et ces voix qui se cherchent, qui tissent un fil de soie, les chants orphiques et la voix rauque du maître nouant un noeud à la mélodie, les cuivres rouges comme une fleur épanouie, les violons errants sur les plaines rougeoyantes... Près des coeurs fragiles.
"Ah mes lovely songs , oh mes petites douceurs ..."
"It’s A Pleasure To Have Loved You" : la harpe n'en finit pas d'ensorceler, elle illumine ce pauvre lit d'hôpital de son plus beau feu d'artifice, le rythme mutin badine avec les voix qui pleurent de plaisir, le saxo tournoie ivre de désir...
"Ah mes lovely songs, oh mes petites douceurs ..."
"Playground" : une guitare breezy laisse la voix enfantine de Michael T. s'envoler dans les airs, tel un ballon bleu ciel, soulevée par des cordes amicales et un soprano automnal sous lequel des vocalises tombent comme des feuilles mortes.
"Ah mes lovely songs , oh mes petites douceurs ..."
"You Can" : sur un rythme légèrement jazzy à la Ahmad Jamal (COMPLETE LIVE AT THE PERSHING LOUNGE 1958), on peut entendre la voix voilée des hommes qui ont vécu des éternités, on peut entendre les violons qui sèment leurs graines de tristesse et une voix qui nous décoche des flèches en plein coeur. Transpercés nous sommes.
"Ah mes lovely songs, oh mes petites douceurs ..."
"It’s Too Late To Be Nice To Her Now " : les yeux mouillés, "il est trop tard...", la voix caresse les choeurs chavirent, "il est trop tard ...", le rythme se fait haletant, la guitare devient hautaine, la basse pèse de tout son poids mais "il est trop tard..." les cris ne peuvent rien y faire, les plus belles harmonies sont impuissantes, "il est trop tard ..." : le temps est inarrêtable, c'est une marche vers la fin...
Et Ed Townsend replongea dans ses songes aux lacs mystérieux et aux forêts profondes de l'Oregon, il ne put écouter le dernier morceau "It's You" qui ne figurait pas, de toute façon, dans ses "lovely songs".
Une explosion le réveilla en sursaut dans la nuit. Il entraperçut des feux follets jaune blanc bleu zigzagant au dessus de l'immense parc tels des esprits malins aux hululements stridents, ce qui le fit frissonner de tout son être et il ferma la fenêtre. Dans la chambre, tout devint feutré, le voilage gomma l'éclat des feux, le choc furieux des battements du pouls sur sa tempe lui fit penser que son cerveau allait exploser. Quelques bruits provenant du couloir le rassurèrent, enfin de l'aide des soignants, il se précipita, ouvrit la porte et ce fut la vision d'un chaos indescriptible.
Il y avait là des grappes de malades, des fous agglutinés dans les étroits couloirs de la mort, recroquevillés sur eux-mêmes, comme pourris de l'intérieur par la peur;
Il y avait là des torches humaines vivantes et vociférantes qui gesticulaient à s'en désarticuler, qui hurlaient comme si le monde s'écroulait...
Ed T. referma aussitôt la porte, courut vers la fenêtre, l'ouvrit et mit sa tête dehors quand un bras immense de bûcheron le happa et le hissa hors de la chambre.
"Ed, tu m'entends, chante nous une de tes lovely songs pour ce monde fou fou fou ! " lui cria à l'oreille le chef Bromden, The Big Indian échappé de "Vol au dessus d'un nid de coucou".
On pouvait voir sous les hautes colonnades du cloître l'immense carrure du Géant Indien et son ombre gigantesque traversant tout le parc, avec un nain sur ses épaules éclairé par la lune, l'ami Ed T. chantant
à pleine voix, s'époumonant sur "Bring It Down Do The Real"...
Note: 5 stars/6
(Merci à Bluesy pour cette découverte).
Chef Bromden :
Extraits :
Bring It Down To The Real (extrait)
True Love (Is A Terrible Thing To Waste) :
It’s A Pleasure To Have Loved You:
Playground:
You Can:
Rock Me Sock Me: