
Sous le chapiteau mauve d'un cirque ambulant se dressait l'homme loyal vêtu pour être vu jusqu'au bout de la terre. Le bon peuple noir s'agglutinait autour de cette effigie vivante qui possédait en plus de ses atours brillants une voix de stentor magnifique. Il s'écria "Welcome To The World" en même temps que sa main ferme ouvrit les lourds rideaux donnant sur l'obscurité totale et laissa alors les badauds éberlués, secoués entrer dans l'antre de l'arène. "Welcome To The World !" répéta-t-il et les images animées apparurent sur les pans de toiles qui ceinturaient le public ébahi.
Des images à la fois floues et folles comme si la caméra était assaillie de tous les cotés par la réalité qu'elle filmait : émeutes, pillages et des incendies crachaient leurs feux au-dessus des rues désertes aux fenêtres closes. Les tanks immobiles au coin des avenues comme des Leviathans blessés. Des soldats figés comme des statues pointaient leur canon de fusil vers le ciel transformé en une immense tempête de fumée. Quelques noirs pris en flagrant délit bousculés par des policiers armés. C'était "l'anarchie pure et simple", un certain dimanche 23 juillet 1967 dans les quartiers ouest de Détroit.
Les images s'éteignirent et un fracassant "Welcome To The World !" retentit à nouveau.
Cette fois ci, le soleil apparut dans toute sa brillance, dans toute sa magnificence. Un soleil qui éclairait une foule noire humaine que l'on apercevait de loin et qui serpentait des routes pierreuses prises entre deux champs de coton blanc à l'infini immensité. Et cette foule traversa, jours et nuits, villages, églises et villes sans répit. Les visages, petits et grands, étaient solennels; les hommes et les femmes semblaient se mouvoir au ralenti comme si le temps voulait imprégner sa marque. Cette longue et lente procession s'enflait comme une vague rugissante au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de son but. Elle finit silencieuse comme un raz de marée au pied d'une tribune qui surplombait, à l'ombre du Lincoln Memorial. Se leva un homme au visage rond, une fine moustache sise sur des lèvres charnues, la foule l'applaudit et il s'écria de toutes ses forces "I have a dream ..."
Merci à Wallace Mitchell, Rickie Harold Williams, Willie James Greene Jr., Gregory Massengale et Carl Smith du groupe G.E.'s, merci à Nate Fortier et Tim Lawson pour ces arrangements, merci à Calvin Wade et Nate Fortier pour la production et merci à Nate Fortier et à Wallace Mitchell pour avoir composé cette superbe chanson qui aurait très bien pu être chantée par les Temptations !

Welcome To The World :
Welcome To The World (Pt.1 & Pt.2) :