Bon je conçois qu'un morceau accapella, et de surcroit baroque, puisse vraiment déconcerter de prime abord un fan de James Brown; mais en toute simplicité avec cette référence on est vraiment dans ce qu'on peut appeller ici les fondements de la culture easy listening, en partie initiée par Christiane et Michel Legrand.
Attention ça n'est pas du Jacques Demy, ni du St Preux et ça ne veux surtout pas verser dans la mièvrerie non plus. Ce morceau qui allie une certaine pureté mélodique au service d'une grande énergie vocale a tellement cartonné à l'époque qu'il a influencé tout un pan de la musique de films et nombres de références que nous chérissons ici. Il y a donc une longue histoire derrière tout ça même si il faut bien préciser toutefois au passage que ce "Largo" n'a pas été au départ composé spécifiquement pour le film de Lautner.
Quand on écoute ce morceau, on pense bien sur à toute la descendance de musiques easy listening qu'Ennio Morricone portera à son apogée dans les années 70. Comment ne pas citer pour l'occasion la carrière incroyable de la chanteuse Edda Dell' Orso, son travail avec Morricone bien sur, mais aussi ses collaborations avec Bruno Nicolai, Piero Piccioni, Roberto Pregadio, etc.
Et puis il faut en revenir à Michel Magne qui, suite à cette B.O., transportera par la suite vers des contrées plus burlesques (OSS 117, Tout Le Monde Il Est Beau Tout Le Monde Il Est Gentil, etc.) ce concept de vocalises si particulier qui l'aura tant marqué.
Cette référence très côtée au Japon (seul pays à ce jour à proposer un DVD restauré du film digne de ce nom) va de paire bien sur avec le soundtrack de La Piscine (autre raison pour laquelle je l'ai posté ici) mais c'est surtout un disque que tout fan de Michel Magne se doit de posséder.
Les 5 titres du 45T n'ont malheureusent pas tous été réédités et je n'ai pas trouvé d'extrait du joyeux "Piège Party" qui sonne très swing jazz. Et surtout pour "Largo", j'aurais tant voulu trouver le fabuleux passage du film tourné à Venise duquel ce morceau est tiré, pour moi l'image étant indissociable du morceau présenté ici, l'un ne va pas sans sans l'autre et je conçois donc que la magie puisse vraiment difficilement opérer avec ce titre si on n'a pas la référence cinématographique en tête. Mais n'est-ce pas hélas le cas pour nombres de ces musiques de films que nous chérissons, les écouter hors de leurs contextes cinéphiles ampute généralement sérieusement leurs crédits artistiques.
![Wink ;)](./images/smilies/icon_wink.gif)