Voilà un petit papier sur la réédition de son premier LP.
Barry White - I've Got So Much To Give.
Ses influences s'étalent de la pop orchestrée de Burt Baccarach, en passant par la country de Ray Charles, pour virer sur la soul soyeuse d'Isaac Hayes le tout appuyé par le charisme d' Otis Redding .
Ses premiers contacts avec la musique, il les vit dans la paroisse locale, parcours obligatoire pour un artiste de couleur. Il y apprend le piano, puis travaille sa voix de baryton, en chantant le gospel sacré. A 11 ans il débute comme pianiste de séance pour Jessie Belvins, à 16 il intègre son premier groupe les Upfronts, puis devient arrangeur pour le label Mustang, où il côtoie autant de blancs que de noirs.
Avec son physique de gros phoque pachydermique, sa coupe de cheveux défrisés et sa vieille barbe taillée à la manière de D'Artagnan, il se met dans la peau d'un sexe symbole.
Il cultive un goût immodéré pour les femmes, montant à Los Angeles, sa première chorale d'amazones, les Versatilles (futur 5th Dimension).
Peu après Barry s'adjoint les services d' un arrangeur issu du jazz, Gene Page, l'histoire de l'érotomane de la soul peut alors commencer. Pris sous contrat par le label UNI / 20th Century records( filiale de la major MCA), Barry auditionne la crème des studios Californiens.
Se posant en véritable mégalomane, il incorpore un orchestre symphonique à chacun de ses titres, son piano occupe la place centrale, puis les choristes se chargent de faire tourner la tête au maître de cérémonie.
Bref c'est ça le secret, exciter le gros Barry pour qu'il délivre des pièces montées liquoreuses, conçues pour émoustiller les ménagères.
Pour l'heure, nous sommes en 1973, les chambres à coucher sont prêtes à recevoir la déferlante.
Barry livre un sans faute, son premier LP s'appelle «I've Got So Much To Give » à traduire par: « j'ai tant à donner ».
Il sort la grosse artillerie, employant au bas mot une collection de musiciens, la galette comprend cinq morceaux, qui s'étirent à l'infini.
La première chanson sera donc pour chauffer madame, Standing In The Shadows Of Love, force le respect, trois minutes de préliminaires puis le premier couplet est lancé.
White chante « je me tiens dans l'ombre de l'amouuuuuuuurrrr!!!!!!!!!!!! »... Les violons tournicotent autour des voix des Love Unlimited, Barry passe du piano en sautant au clavecin, puis hop! l'orchestre s'emballe.
Cet amuse gueule signé de la main des frères Holland et de Lamont Dozier met en émoi l'auditrice qui chavire.
L'érotomane de la soul centre son disque autour du thème de l'amour baveux, les titres restent explicites puis dénotent un romantisme à l'eau de rose qui remporte un succès foudroyant!
Eh oui, parler de sexe implicitement se révèle particulièrement rentable, « I'm Gonna Love You Just A Little More, Baby » reste le sommet de sa carrière!
L'ouverture du track est confiée à un percussionniste, qui se lance dans un break ruisselant, la mélodie monte en puissance, le rythme est précis, le thème développe un long va et vient entre le couplet et le refrain, puis c'est l'orgasme auditif!
L'ébat dure sept longues minutes, l'auditrice commence à sentir les palpitations ultimes, haletant sous les assauts répétés de cette prouesse sonore.
Cette nouvelle édition dépoussiérée révèle un authentique chef d'oeuvre sensuel et soyeux, la remasterisation y est parfaite, puis le tout est servit dans la pochette d'époque:
On peut y voir Barry dans sa posture divine, tenant dans sa main douce mais ferme, ses femmes qui lui donnent la réplique dans ses élucubrations érotiques.
Monsieur livrera des cagettes entières de sa mixture, devenant le représentant puis aussi le cliché d'une musique haït par les critiques, qui y voyaient un marchand de soupe populaire!
Bref ce qu'il faut retenir! : « Par où passe Barry, une femme soupire, puis un mélomane transpire de joie face à ce déluge sonore. Une vision chargée en clichés, je vous l'accorde, mais tellement proche de la réalité, que Barry conserve sa responsabilité dans la relance des naissances .