Curtis Mayfield - Back To The World (Curtom CRS 8015, 1973)




Titres
A1 Back To The World 6:48
A2 Future Shock 5:24
A3 Right On For The Darkness 7:30
B1 If I Were Only A Child Again 2:53
B2 Can’t Say Nothin’ 5:20
B3 Keep On Trippin’ 3:16
B4 Future Song (Love A Good Woman, Love A Good Man) 5:00
Crédits
Arrangements : Richard Tufo
Production et composition : Curtis Mayfield
Le moment est solennel, la larme va être facile, les mains moites et le coeur qui pince : je vous invite à écouter ensemble le Back To The World de mon enfance...
Tout ça pour vous dire que Back To The World fut le premier disque que j'ai écouté de Curtis M., en même temps que l'un des premiers disques "soul" : on ne pouvait guère mieux commencer (merci à Philippe Garnier).
Il est difficile d'imaginer, à posteriori, la déflagration qui en découla, la claque qui décapita d'un coup les a priori musicaux collectés jusque-là par un adolescent d'argile. Des symphonies de sons, des cathédrales de sons, des grooves de sons et un filet de falsetto qui, ensemble, coulent en toi de la tête aux pieds, te déchiquetant les synapses et la moelle épinière.
Cette face A restera à jamais gravée dans la mémoire, un tatouage indélébile : un masterpiece de funk princier coincé entre 2 symphonies du Nouveau Monde.
Mon amour des cordes dans la soul vient de là : écoutez la fin du dernier titre "Right On For The Darkness" (à partir de 5'50 ), quand le groove s'éteint progressivement, faisant place à une véritable symphonie de cordes aux harmonies bouleversantes, qui rejoint à mon sens les plus belles "musiques pour larmes" comme la Symphonie n°3 d'Henryk Gorecki (Symphonie pour Soprano et Orchestre). De la musique à nous faire hurler notre âme -(Soul)-.
Sinon pour reprendre dès le début, "Back To The World", avec sa basse d'outre tombe, ouvre le bal, le falsetto, noyé au milieu de ce mille feuilles de sons et d'harmonies, essaie de tracer sa voie pour nous raconter l'histoire du G.I. au Vietnam et de son retour à la maison.
Quant à "Future Shock", il est l'un des plus beaux fleurons "funky" de Curtis alliant groove lumineux et refrain aérien, à siffloter sous la douche.
Vous avez compris que la prochaine plage "Right On For The Darkness" est pour moi, et sur 8 minutes, une sorte d'épitomé de toute la science musicale de Curtis : ça commence par un groove et ça finit par des larmes.
J'en profiterai ici pour rendre un hommage définitif à ce grand arrangeur qu'est Richard Tufo (un des grands de la Curtom).
J'avoue avoir eu du mal à écouter, après cela, la face B, plus classique, plus faible sur les deux premiers morceaux mais finissant sur les chapeaux de roues avec "Keep On Trippin" et "Future Song" deux pépites de funk curtisien.
Curtis Mayfield a été, pour moi, pendant longtemps l'homme d'un seul disque. Refusant d'écouter le reste de sa discographie, par peur de ne pas retrouver cette détonation primale, même si par ailleurs je collectais un maximum d'infos sur l'artiste, mais le Curtis ne devait être qu'un aimable brouillon, le Roots un vulgaire retour aux sources, quant à Superfly ça ne pouvait être que niais et superficiel comme tout film de Blaxploitation (en regard d'un Bergman ...). Tout était prétexte à rejet.
Bien des années plus tard (salut GGM), je reçus ma deuxième claque quand je découvris Superfly et me trouva fort déconfit, m'étant bien trompé pendant toutes ces années... tout cela pour avoir trop aimé Back To The World !
Note : 5.5 stars/6
Back To The World
Right On For The Darkness:
Future Shock :
Keep On Trippin’:
If I Were Only A Child Again
Can’t Say Nothin’
Future Song (Love A Good Woman, Love A Good Man)