Ju-Par Universal Orchestra - Moods & Grooves (Ju-Par Records JP-1001, 1976)
Second Press
Ju-Par Universal Orchestra - Moods & Grooves (Ju-Par Records JU-PAR 1001, 1976)
Titres
A1 Funky Music 3:15
A2 Beauty & The Beast 3:00
A3 Time 3:08
A4 Chicago Calypso 3:22
B1 Mocha Velvet 4:18
B2 Is Anyone Listening? 3:12
B3 Flute Salad 4:47
B4 Gotta Get-A-Way 3:52
Crédits
Bonnie Herman, Kitty Haywood, Vivian Haywood : chant
Louis A. Satterfield : basse
Phil Upchurch : guitare
Quinton Joseph : batterie
Derf Walker : percussions
Dick Boyell : claviers
Ken Soderblom : saxophone bariton, saxophone ténor
Art Hayle, Murray Watson : trompette
Ralph Craig : trombone
Rich Rudoll : flute
Arrangements : Dick Boyell
Production : Bruce Swedien, Dick Boyell
Ce disque est un OVNI.
Par sa pochette mystérieuse, ses origines (presque) inconnues et par les genres musicaux visités.
Et pourtant tout était dit par un titre en forme de slogan rassembleur et universel : Moods & Grooves.
Assemblons le puzzle.
Tout d'abord sa pochette où Mère Nature est magnifiée par cette cascade aux chutes impressionnantes sise dans des Alpes Bavaroises aux teintes violacées. Un éloge au romantisme allemand, à cette nature "tragique".
Ce disque est sorti en 1976 sur le label éphémère Ju-Par, distribué par des officines de la Motown.
La légende dit que ce label aurait été créé par un des boss de la mafia de Détroit, en mal de nouveaux débouchés.
Ce Don Sicilien, qui aimait avant tout les peintres préraphaélistes (dont on sait qu'ils privilégiaient les teintes allant du mauve clair au violet foncé), Don Caruso (on ne peut y échapper pour un sicilien !) et les rythmes caribéens tels que le Calypso qui lui rappelaient La Havane évanescente des années 50 du temps du dictateur Batista, demanda à un obscur pianiste de studio Dick Boyell (qui restera obscur d'ailleurs) de composer, d'arranger et de produire le disque qui devait servir de bande son idéal au film de ses rêves : un Parrain sous addiction au genre "Blaxploitation".
(Don) Dick Boyell plancha, rassembla un orchestre et quelques pointures comme Phil Upchurch, et pondit, à l'image de la mégalomanie de son mécène, un monstre inclassable au carrefour de tous les genres : Funk, Disco, Jazz, Latin, Easy Listening et Soul.
Qui ne pouvait être mieux résumé que par ces 2 mots monosyllabiques "Moods" et "Grooves".
Dick choisit de commencer et terminer son Opus par les 2 plages les plus Funky : "Funky Music" qui annonce la couleur et "Gotta Get A Way" groove emmené par un clavinet malin suivi d'un saxo et des choeurs en surchauffe. Du Furieux et du Sauvage. Le reste sera plus soft.
La flûte est l'une des pièces maitresses, avec le clavinet, du son de ce disque, Dick en a même fait un morceau qui lui rend hommage "Flute Salad" : du jazz funk ou la flûte "espiègle" du début progresse en intensité, et tient lieu de mayonnaise autour de cette salade endiablée de choeurs, de cuivres et autres clavinets.
La flûte est aussi soliste sur "Beauty & Beast" mais elle est ici aiguillonnée par des violons marmoréens et des choeurs antiques qui donnent sens au titre du morceau.
Nous arrivons à mes trois plages préférées "Time", "Mocha Velvet" et "Is Anyone Listening" : perles d'easy listening mâtinées d'accords jazzy et de cordes romantiques, dignes d'un soundtrack Morriconien.
Cette pluie de notes jazzy du piano Rhodes sur le groovy "Time", le saxo plantureux à la "Sonny Rollins" sur le latino "Mocha Velvet" et pour finir cette montée des violons (digne d'un Claus Ogerman) sur un lit de congas dans "Is Anyone Listening" : quelle pure jouissance !!
On peut imaginer la gueule du parrain de la mafia quand il entendit pour la première fois l'oeuvre finie. Au bord de l'apoplexie qu'il était.
Il voulut tout bazarder mais ne put changer que la pochette : La cascade élégiaque fut remplacée par un vulgaire portrait de femme aux lèvres rouges avec walkman.
Ce jour là : La Soul chuta. D'un coup.
Note: 5 stars / 6
Funky music:
Gotta get-a-way (extrait):
Is anyone listening?:
Beauty & the beast:
Flute salad: