Eddie Kendricks - People... Hold On (Tamla T315L, 1972)


Titres
A1 If You Let Me 3:10
A2 Let Me Run Into Your Lonely Heart 2:59
A3 Day By Day 3:07
A4 Girl You Need A Change Of Mind 7:30
A5 Someday We'll Have A Better World 3:35
B1 My People... Hold On 5:40
B2 Date With The Rain 2:42
B3 Eddie's Love 3:20
B4 I'm Just On The Sideline 2:56
B5 Just Memories 5:50
Crédits
Eddie Kendricks : chant
The Young Senators : musiciens
Cal Harris : synthétiseur
Arrangements : David Leacraft, David Van DePitte, LeRoy Fleming
Production : Bobby Miller (B2), Frank Wilson, Leonard Caston (A3, B1, B3, B5)
C'est un disque oecuménique.
Le roi, sur son trône, s'adresse à tous ses fidèles, des soul sistas et brothas de toutes les races : aussi bien soul que funky, aussi bien de l'ancienne génération des esclavagistes que les baby boys annonçant le "Disco-paillettes-boule à facettes-afro-pattes d'eph".
Ce roi a un nom : Eddie Kendricks.
Qui l'eut cru de la part d' Eddie Kendricks ? Alors qu'il quittait l'une des plus grandes dynasties, celle des Temptations, juste après avoir chanté l'un de leurs plus grands succès "Just My Imagination" en 1971, pour fonder sa Propre Lignée : les Kendricks (1er) qui enfantèrent une quinzaine de rejetons jusqu'à la mort de son créateur en 1992.
"Surely one of the most impressive albums to come out of Motown during early 70’s " d'après Funkmysoul, "People... Hold On", né en 1972, est le cadet de la Branche.
C'est le mariage parfait avec l'écurie MOTOWN, parée de ses plus beaux arrangeurs, de ses plus grands artificiers, pour fournir une fête de sons et de grooves à l'aune de sa royauté.
Eddie, en bon roi qu'il est, sait parfaitement gérer le grand écart, en témoignent les 2 masterpieces du LP : il nous fait découvrir d'une part dans le titre éponyme les rythmes afro-tribal au son ténébreux, ancestral, comme passé à la chambre d' écho, provenant des fonds de cales des caravelles esclavagistes, et d'autre part une suite élégiaque "Girl You Need A Change Of Mind" aux effluves marvinesques s'étirant sur près de 8 minutes, et dont la deuxième partie, pour certains, préfigure ce que l'on a baptisé plus tard le "disco".
Quel Paradoxe Spatio-Temporel !
Quand le roi Eddie s'essaye au funk : "Let Me Run Into Your Lonely Heart", c'est pour en faire du pur et du dur, limite sale avec sa guitare à la Sly Stone.
On n'est pas dépaysé, non plus, avec les grooves mid tempos et classieux, marque de fabrique de la "Motown", qui pullulent sur ce disque : "Someday We'll Have A Better World" au refrain magique, "Date With The Rain" mené sur un tempo d'enfer par une batterie apollinienne (Ce disque a l'un des plus beaux sons de batterie que je connaisse : écoutez le début de " If You Let Me" pour vous en convaincre), le falsetto enroué d'Eddie et les choeurs d'anges suppliants la pluie.
Les morceaux lents sont vibrants et majestueux : la voix d'Eddie sur le refrain d'"Eddie's Love" est une des voix les plus lumineuses qui soit - au pinacle ! - , quant à "Just Memories", le final de cet album, c'est un véritable oratorio avec en entrée cor fatal et choeurs antiques jusqu'au fameux roulement de batterie où se pointent la mélodie et le falsetto de notre ami qui dévide le fil de sa mémoire pendant près de 5 minutes.
Que de hauteurs dans cet album, que de cimes atteintes, à la mesure de ses ambitions de roi ! Eddie s'éteindra, brutalement, comme un simple mortel, d'un cancer du poumon à un âge (53 ans) où il aurait pu encore prétendre à fonder d'autres branches de sa dynastie ...
Sale temps pour les rois ...
Note : 5.5 stars/6
If You Let Me :
If You Let Me (en live):
Let Me Run Into Your Lonely Heart :
Day By Day:
Girl You Need A Change Of Mind :
Someday We'll Have A Better World :
My People... Hold On :
Date With The Rain :
Eddie's Love:
I'm Just On The Sideline :
Just Memories :